Quotas d’arrestation : un PV qui met la crédibilité du ministre de l’Intérieur en question

Un PV démontre que la pratique de quotas d’arrestation a bien guidé les arrestations au Parc Maximilien et à la Gare du Nord en septembre dernier.

Un PV de réunion datant du 4 septembre publié dans la Libre Belgique fait clairement allusion à des actions à mener quotidiennement, entre le 6 et le 15 septembre, dans le parc et aux alentours et mentionne expressément « une grande action sera menée dans l’ensemble du secteur de Bruxelles au cours de laquelle on veut arrêter environ 250 personnes ». Ce document démontre que la pratique de quotas d’arrestation a bien guidé les arrestations au Parc Maximilien et à la Gare du Nord en septembre dernier.

A l’heure où l’on apprend, suite à une enquête de l’Institut Tahrir pour la politique au Moyen-Orient, que plusieurs Soudanais entendus par l’équipe d’identification à Bruxelles ont été enfermés et maltraités par les autorités soudanaise à leur retour, ce document met dramatiquement en lumière les conséquences de la politique ferme et inhumaine du gouvernement et met gravement en cause la probité du ministre de l’Intérieur dans cette affaire.

Pour rappel, une source anonyme, choquée par les méthodes mises en place par les autorités compétentes pour « nettoyer » la Région bruxelloise de ses exilés, avait contacté la Ligue des droits de l’Homme pour l’informer sur le fait que la police préparait une opération de grande envergure à l’encontre des exilés de la Région bruxelloise. L’objectif de l’opération : arrêter 250 personnes.

Au-delà du scandale éthique que représentent ces techniques de harcèlement, le caractère planifié et collectif, avec des quotas préétablis de personnes migrantes à arrêter, pose un grave problème de légalité en ce qu’elles constituent une violation de la dignité humaine, de la liberté de circulation et qu’elles ne respectent pas le principe de proportionnalité et de non-discrimination.

Revenant sur cette affaire, un parlementaire a posé une question parlementaire, le 18 octobre 2017, au ministre concernant cette opération lui demandant, entre autres, s’il était au courant de la programmation de ces arrestations, programmation assortie de chiffres précis : « 20-30 » pour les « petites opérations » et « 250 arrestations » pour l’opération (avortée) du 21 septembre.

Le ministre a tout nié en bloc, affirmant qu’il était « complètement idiot » de penser qu’il aurait pu imposer des quotas à la police dans leur mission d’investir le Parc Maximilien et ses environs

Le PV publié par la Libre Belgique prouve, soit que le ministre a menti devant le parlement, soit qu’il n’est pas au courant des actes gravement attentatoire des services dont il a la responsabilité.

Dans les deux cas, de quelle crédibilité parlementaire bénéficie encore le Ministre de l’intérieur ?

21 décembre 2018