Quand les citoyen·ne·s utilisent leur droit de manifester pour dénoncer les violences policières, les forces de l’ordre répondent par la violence

Lors de dernières manifestations dans notre pays, les autorités policières ont procédé à de très nombreuses arrestations, ce qui pose question au regard du caractère fondamental du droit de manifester. En particulier, suite à la manifestation “contre la justice de classe et raciste” de ce dimanche 24 janvier 2021 à Bruxelles, la Ligue des droits humains (LDH), à travers Police Watch, son Observatoire des violences policières, s’inquiète du nombre d’arrestations et de témoignages indiquant un usage disproportionné et illégitime de la force dans ce genre de contexte. C’est en effet le troisième rassemblement en trois mois portant sur les violences policières et le fonctionnement de la justice qui est réprimé de manière excessive au mépris de la loi et des droits fondamentaux.

La loi sur la fonction de police exige que l’usage de la force par la police réponde aux critères de proportionnalité, de nécessité et de légitimité. Lors de trois rassemblements récents, “Justice pour Adil” à Anderlecht le 27 novembre dernier, “Justice pour Ibrahima” à Saint-Josse le 17 janvier et “Contre la justice de classe et raciste” de ce dimanche 24 janvier, de nombreux témoignages nous sont parvenus sur le caractère illégitime de l’usage de la force par la police : des dispositifs policiers disproportionnés et une absence de communication avec manifestant·e·s et passant·e·s, voire des comportements provocateurs, agressifs et intimidants à leur égard; un non-respect du droit de manifester ; des arrestations arbitraires et violentes, notamment de mineur·e·s souvent racisé·e·s, accompagnées d’insultes racistes et sexistes ; des violations du droit de filmer la police ; des usages disproportionnés et illégitimes de la force pendant la détention; des conditions de détention ne respectant ni les droits des détenu·e·s, dont de nombreux mineurs, ni les conditions sanitaires; et le silence des responsables politiques qui couvrent ces agissements.

Ces manifestations s’inscrivent dans un contexte plus général de durcissement du maintien de l’ordre ces dernières semaines. La LDH, à travers Police Watch a été spécifiquement contactée par des victimes et parents de victimes pour ces trois manifestations. La LDH a examiné ces trois manifestations en particulier car, au-delà de l’atteinte au droit de manifester et du dispositif policier disproportionné, elle s’inquiète des violences policières (physiques et psychologiques) commises contre les personnes racisées, violences qui ont eu lieu dans l’espace public et dans les casernes. La LDH s’inquiète également de la manière dont les mesures sanitaires sont utilisées pour empêcher les citoyen·ne·s de demander justice pour les victimes de violences policières et l’arrêt de l’impunité policière, de l’arrestation d’un grand nombre de mineurs et de la persistance du profilage ethnique.

Sur base de ces témoignages, de constats réalisés par une présence sur place, des images qui ont circulé et de ce qu’en a rapporté la presse et les médias en ligne, la LDH a procédé à une analyse  des nombreuses violations des droits humains pendant ces trois manifestations. Cette analyse comporte une série de recommandations afin de garantir le respect des droits humains, même en situation de crise sanitaire.

La LDH exprime son soutien aux victimes de violences policières et à leurs proches.

3 février 2021