Police Watch : un outil de lutte contre les violences policières

La Ligue des droits humains relance son Observatoire des violences policières sous le nom de Police Watch. Le nouveau site PoliceWatch.be permet d’informer les citoyen·ne·s sur leurs droits face à la police et de récolter des témoignages dans le but de conformer les pratiques au respect des droits humains.

Né en 2013 sur l’impulsion de bénévoles de la LDH, l’Observatoire des violences policières organise son action autour de trois missions : informer, analyser et agir. Il informe les citoyen·ne·s de leurs droits et les oriente en cas d’abus. Il rend ces abus visibles grâce à la collecte et l’analyse de données. Il interpelle les autorités concernées pour obtenir un changement des réglementations comme des pratiques.

Par violences policières, nous entendons l’usage de la force qui sort du cadre prévu par la loi (critères de proportionnalité, légitimité, nécessité), en ce compris les violences verbales et psychologiques (insultes, menaces, racisme, sexisme, etc.). Pour beaucoup de citoyen·ne·s belges et étranger·ère·s, ces violences sont une réalité et restent trop souvent impunies (voir notamment l’appel de la campagne Stop Répression)

L’Observatoire a ainsi produit deux rapports largement salués. Face à l’ampleur de la tâche et à l’actualité de la question, l’Observatoire ne pouvait toutefois plus reposer sur des forces principalement bénévoles. La LDH a donc décidé d’allouer plus de moyens au projet afin de le relancer et de lui donner plus d’envergure, notamment grâce à une extension à la Flandre prévue en 2021 avec la collaboration de la Liga voor mensenrechten.

Afin de marquer cette nouvelle étape, un nouveau nom accompagné d’un nouveau site web ont été conçus : l’Observatoire des violences policières en Belgique portera désormais le nom de Police Watch. Son nouveau site, www.policewatch.be propose de manière pédagogique des informations juridiques, des publications pertinentes ainsi qu’un formulaire de témoignage à destination des victimes et témoins de violences policières.

Outre ce site informatif, Police Watch réalise différents types d’action et de soutien aux victimes :

  • Une permanence téléphonique (du lundi au vendredi de 10h à 12h) pour orienter les victimes ;
  • La récolte et l’analyse de données qualitatives et quantitatives à l’échelle de Bruxelles et de la Wallonie puis de la Flandre. Une première campagne de récolte de données est ainsi prévue au printemps au sein des écoles secondaires bruxelloises ;
  • La publication d’articles et de rapports ;
  • Du plaidoyer politique auprès des différentes autorités compétentes ;
  • Des formations sur les droits des citoyen·ne·s face à la police, à destination des victimes et travailleur·euse·s de première ligne.

Par ces actions de seconde ligne, Police Watch entend compléter et soutenir les actions existantes en matière de lutte contre les violences policières. Régulièrement confrontée à des témoignages alarmants (via sa permanence téléphonique, lors de ses formations et via ses contacts avec divers acteurs de terrain), la LDH constate que ce phénomène reste largement méconnu du grand public et fréquemment nié ou minimisé par les autorités compétentes. Face à cette réalité, l’absence de statistiques officielles ou de recherches approfondies sur le phénomène constitue un réel obstacle auquel Police Watch entend s’attaquer à son échelle. Grâce à la récolte et l’analyse de données qualitatives et quantitatives mais aussi en encourageant d’autres acteurs (académiques, publics ou militants) à s’emparer de la problématique, Police Watch travaillera à une meilleure vision et compréhension de celle-ci. Il est en effet urgent de pouvoir objectiver et analyser ce phénomène qui constitue une menace pour les libertés fondamentales.

[1] Le projet « ObsPol » de la LDH a donc pris fin en 2019. De ce fait, la LDH n’a plus aucun lien avec le site obspol.be et décline toute responsabilité quant au contenu de ce site et aux actions qui seraient menées sous la dénomination de ObsPol.

11 mars 2020