Grève des surveillant·e·s suite à la réouverture des VHS, un nouveau coup dur pour les détenu·e·s et leurs proches

La fête aura été de courte durée. Alors que les visites hors surveillance, après six mois d’interruption totale et la mobilisation de nombreuses familles, ont finalement été de nouveau autorisées le 14 septembre dernier, les syndicats de surveillants pénitentiaires ont entamé une grève de 48 heures pour protester contre le retour à cette – toute relative – normalisation des droits de visite.

Le Collectif de Luttes Anti-Carcérales (la CLAC), le GENEPI Belgique (groupes locaux de l’USL-B, de l’ULB et de Bruxelles), la Ligue des droits humains (LDH) et la section belge de l’Observatoire International des Prisons (OIP) clament leur incompréhension quant au motif de cette grève. Inquiets de l’augmentation de la propagation du virus, le personnel pénitentiaire a donc fait le choix de s’opposer à la possibilité offerte aux détenu·e·s d’avoir de nouveaux quelques contacts physiques avec leurs proches. Après l’espoir d’enfin pouvoir embrasser son conjoint·e, prendre son enfant dans les bras, étreindre ses parents ou ami·e·s, une partie des gardiens a décidé de mettre brutalement un terme à cette bouffée d’oxygène, après des mois de totales distances physiques.

Nous, associations, en soutien aux familles de détenu·e·s, nous indignons du motif de cette grève et des conséquences qu’elle engendre ; au nom de la reconnaissance pour tout·e·s les détenu·e·s du droit au maintien des relations avec les proches, garantie par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme et au nom, aussi, du droit pour tout·e·s les détenu·e·s d’être soumis aux mêmes règles que tout un chacun (en vertu du principe de normalisation), et ce, y compris pour les mesures sanitaires, et notamment la possibilité de fréquenter des proches, dans le respect d’une bulle sociale de cinq personnes (sans compter les enfants de moins de 12 ans). Nous, associations, sommes inquiets que la crise sanitaire devienne un nouveau prétexte d’entraver encore plus les droits des personnes détenues.

Force est de constater que ce préavis de grève ne semble pas tenir compte de tous ces éléments, et encore moins considérer la souffrance psychologique et sociale dans laquelle se trouve une partie des détenu·e·s. De tous bords, des alertes sont lancées sur les lourdes conséquences psychologiques du confinement. N’oublions pas les détenu·es qui subissent un confinement d’autant plus drastique qu’il dure depuis de longs mois.

Osons également rappeler que l’autorisation récente de réouverture des VHS ne s’est pas faite sans strictes conditions. Ici ou là, les règles divergent. Dans certaines prisons, le droit à une VHS s’assortit d’une mise en quatorzaine par la suite et, parfois même, pour le·a  co-détenu·e. Quatorzaine qui ne signifie pas « uniquement » ne plus voir ses proches, mais également, ne plus être reçu·e par le SPS, ne plus pouvoir sortir au préau… Le droit aux liens familiaux se paie au prix fort en prison.

Encore plus fort d’ailleurs pour ceux et celles qui ont osé manifester leur désaccord vis-à-vis de l’interdiction des VHS devant certaines prisons et qui ont subi des menaces et des représailles importantes (blocages de permissions de sortie, interdiction de visites, mise en quarantaines …). Une fois de plus, cet évènement témoigne d’une surpuissance décisionnaire du système carcéral, dont la place pose plus que question dans un état de droit.

Appel : Vous avez des informations sur la réalité carcérale en Belgique et souhaitez en témoigner ? La Ligne Info’Prison récolte des informations et témoignages pour faire connaître la réalité des personnes incarcérées et de leur proches. Contactez-nous au 0498/51.51.91 tous les mercredis et samedis, par WhatsApp ou par mail : ligneinfoprison@bawet.org

Signataires :

Collectif de Luttes Anti-Carcérales (la CLAC)
GENEPI Belgique (groupes locaux de l’USL-B, de l’ULB et de Bruxelles)
Ligue des droits humains
Section belge de l’Observatoire International des Prisons

24 septembre 2020