Extension de la prison de Lantin 2 : il est possible de choisir une autre voie que l’impasse carcérale

Le gouvernement fédéral prévoit l’extension de la prison de Lantin sur 6 à 8 hectares des terres de la ferme biologique « la ferme à l’arbre » 

[1]. Cette extension menace la viabilité de la ferme. Après le projet de mégaprison de Bruxelles/Haren que le gouvernement espère construire sur le dernier espace vert de 20 Hectares – dont 12 Hectares de terres arables anciennement cultivées – au Nord-Est de Bruxelles, le gouvernement Michel persiste dans une voie sans issue.

Les conditions de détention à la prison de Lantin sont désastreuses et appellent des solutions rapides (voir annexe). Mais l’extension prévue ne permet pas d’apporter une réponse viable à ces problèmes, et crée des difficultés supplémentaires :

Construire de nouvelles prisons ne réduit pas la surpopulation carcérale :
Le désastre carcéral en cours depuis de trop nombreuses décennies ne sera pas réglé par la construction de nouvelles prisons. Bien au contraire : on sait pertinemment d’une part que plus l’on construit de prison, plus on les remplit, et d’autre part que plus les prisons coûtent cher (comme c’est le cas avec les partenariet public-privés), moins il n’y a d’argent disponible pour les missions qui permettent de rendre la détention humaine et décente : l’encadrement, l’accompagnement et la réinsertion des détenus. Les besoins en la matière sont hurlants ;

Il faut faire la lumière sur le coût réel des Partenariats-Public-Privés carcéraux :
La nouvelle prison devrait être construite via un Partenariat-Public-Privé (PPP). Le choix de ce mode de financement pose de très nombreux problèmes, qui ont été exposés dans une proposition de résolution à la Chambre déposée par les partis d’opposition dans le cadre du projet de mégaprison de Bruxelles/Haren (DOC 54 1568/001 [2]). Le gouvernement a jusque-là bloqué cette proposition de résolution, qui demande que deux audits soient réalisés par la Cour des Comptes sur ce type de financement. La Cour des comptes française a publié le 13 décembre 2017 un rapport accablant sur les prisons construites en PPP, invitant à les bannir. Il n’est plus possible d’éluder ce problème, crucial pour la Justice. Le gouvernement a peur de la transparence sur le financement des prisons. Nous demandons que les deux audits présentés dans la proposition de résolution soient réalisés avant d’engager d’avantage l’Etat dans ces partenariats problématiques ;

La politique carcérale du gouvernement actuel prolonge la grave erreur dénoncée depuis plus de 30 ans : investir dans les murs des prisons plutôt que dans l’humain, augmenter le nombre de cellules plutôt que de faire de la peine d’enfermement une mesure ultime, comme l‘affirmait l’accord de gouvernement de 2014 [3].

Il est possible de choisir une autre voie que l’impasse carcérale.

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Projet Lantin 2 – Illustration journal La Meuse

De nombreux exemples existent, comme en Suède [4] ou, dans une autre mesure, en Hollande [5], où des prisons sont fermées et davantage de moyens consacrés à la formation, l’accompagnement et l’insertion des détenus.

Des alternatives concrètes fonctionnent, comme la ferme de Moyembrie en France [6], où un avenir est proposé aux détenus de sorte que leur condamnation acquiert un sens, et qu’ils trouvent une place dans la société, en même temps qu’un tissu social et un travail, dans des formules qui sont écologiquement responsables qui préservent les terres arables dont nous avons un besoin vital.

Prendre soin de l’humain et préserver les terres arables n’est-il pas préférable à l’enfermement de masse et à la destruction des sols ?

Signataires :
Observatoire international des prisons – section belge
La Ligue des Droits de l’Homme
Comité de Haren
Respire asbl

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18 janvier 2018