État des droits humains en Belgique : la LDH publie son rapport annuel

La Ligue des Droits Humains publie son rapport annuel : L’État des droits humains en Belgique, qui a pour vocation de faire le point sur l’année écoulée à l’aune des droits fondamentaux.

C’est la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), 70 ans après son adoption, qui sert de fil rouge à cette édition 2018. Au total, 13 articles de ce texte fondateur de 1948 sont illustrés par des analyses sur des sujets actuels proposées par des expert·e·s. De quoi rendre très concrets les enjeux des droits humains en Belgique aujourd’hui.

L’ensemble de ces analyses mène à un bilan plus que contrasté. Le système de protection des droits humains est globalement en progrès depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Certes pas en progrès constant, mais en progrès tout de même. Mais l’édifice est aujourd’hui secoué par des vents mauvais : pour s’en tenir à l’Europe, les droits humains doivent faire face à des tensions importantes qui proviennent d’au moins quatre crises, non directement liées mais dont les effets se renforcent mutuellement : une crise économique et financière, une crise sécuritaire, une crise migratoire et, enfin, une crise environnementale, dont les gouvernements ne prennent pas encore la pleine mesure. Ces crises combinées génèrent des sentiments de peur, de ne plus avoir de prise, qui alimentent le populisme qui contamine le discours politique de nombreux pays.

La Belgique n’échappe pas à ces tensions. Alors que l’article 9 de la DUDH interdit la détention arbitraire, le gouvernement enferme des enfants pour le seul motif de la situation administrative de leurs parents. L’article 10 consacre l’accès à une justice indépendante et impartiale mais les projets actuels de réformes du Code pénal ne prennent malheureusement pas cette direction. L’article 14 consacre le droit de fuir les persécutions mais le gouvernement n’a vu aucun problème à expulser des personnes soudanaises qui risquaient pourtant des traitements inhumains et dégradants dans leur pays. Alors que l’article 23 dispose que toute personne a droit au travail, à des conditions de travail équitables, à un salaire égal pour un travail égal, l’État belge et plus particulièrement l’inspection sociale semblent oublier que les travailleur·euse·s « sans-papiers » sont également protégé·e·s par ce droit fondamental. Alors que l’article 28 prévoit que toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la DUDH puissent y trouver plein effet, la Région wallonne exporte massivement des armes vers l’Arabie saoudite, État bien connu pour ses violations à répétition des droits humains.

Comme le relève Olivia Venet, Présidente de la LDH, dans sa conclusion : « Manifestement, les défis sont et restent encore nombreux à relever. L’impression qu’ils deviennent de plus en plus nombreux nous laisse un goût amer dans la bouche, des regrets mais plus que jamais la volonté d’être présent·e·s et vigilant·e·s pour continuer à défendre les droits et les libertés fondamentales, pour toutes et tous. ». Des enjeux dont il faudra se souvenir lors des élections qui arrivent à grands pas.

Le rapport est consultable ici.

27 février 2019