Ce jeudi 10 juin 2021, la Ligue des droits humains se constitue partie civile dans le cadre du dossier du décès d’Ilyes Abbedou, jeune homme de nationalité algérienne mort dans un commissariat de police en janvier 2021, dans des circonstances obscures. DoucheFLUX se joint également à la démarche. Les deux associations réclament justice pour Ilyes et rappellent qu’une enquête indépendante et impartiale en cas du décès d’une personne entre les mains de la police est une obligation internationale.
Le 19 janvier 2021, après son arrestation pour le vol présumé d’une veste, Ilyes Abbedou est retrouvé mort dans une cellule d’un commissariat de la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles. Si le parquet a communiqué les premiers constats de l’autopsie qui n’ont révélé « ni trace de violences » ni « intervention de tiers », le déroulé des faits et les causes de la mort d’Ilyes ne sont à ce jour pas connues.
Ilyes était de nationalité algérienne sans titre de séjour belge.
Il avait 29 ans et n’avait aucun problème de santé apparent.
Il venait régulièrement à DoucheFLUX, ASBL qui vise à contrer la relégation des personnes en situation de grande précarité, avec ou sans logement, avec ou sans papiers, d’ici ou d’ailleurs à travers des services de première nécessité et des activités culturelles, sportives…
“En tant que centre de jour pour personnes sans chez-soi, nous nous tenons aux côtés de la famille d’Ilyes et de ses proches.” explique Benjamin Brooke, codirecteur de DoucheFLUX. En tant qu’acteur de terrain, DoucheFLUX s’inquiète du contexte actuel qui favorise la stigmatisation et la déshumanisation des personnes sans chez-soi et une criminalisation croissante de leur présence en rue. “Le décès d’Ilyes dans un commissariat de police et le manque de transparence autour des faits qui ont causé sa mort crée un climat de peur et de tension qui s’ajoute au stress quotidien engendré par la vie à la rue. Les personnes sans chez-soi et sans titre de résidence souffrent fortement de ce climat et vivent dans une angoisse permanente.” précise Benjamin Brooke.
“Etant sans papiers et sans abri, Ilyes Abbedou se trouvait dans une situation de très grande vulnérabilité, c’est pourquoi la Ligue des droits humains a décidé de se constituer partie civile dans ce dossier ” explique Olivia Venet, présidente de la Ligue des droits humains. Et de poursuivre “Ce drame est loin d’être un cas isolé. Récemment, d’autres personnes (Ibrahima Barrie, Adil Charrot, Mehdi Bouda…) ont trouvé la mort alors qu’elles étaient en contact avec la police. Or, dans ce type de circonstances, le droit international impose de mener des enquêtes indépendantes et impartiales fouillées et, le cas échéant, de sanctionner les responsables.”
Les deux associations demandent qu’une enquête approfondie soit menée de façon indépendante et impartiale afin que toute la lumière puisse être faite sur les circonstances de ce drame. DoucheFLUX appelle par ailleurs les citoyen·ne·s qui souhaiteraient soutenir cette action à y contribuer financièrement afin de les aider à payer les frais de justice. Pour plus d’infos à propos de cet appel à contribution, visitez le site web de DoucheFLUX.
11 juin 2021