Don’t let humanity fly away… Hold it tight !

La Ligue des droits de l’Homme soutient l’action pacifique d’ampleur nationale de ce collectif citoyen.

Bruxelles, le 29 mars 2018 . Ce jeudi en fin de journée, des citoyen.ne.s ont interpellé le gouvernement belge pour dénoncer le manque d’humanité dont il fait preuve dans sa politique migratoire actuelle. En laissant s’envoler les mots “Don’t let humanity fly away”dans le hall des gares de Bruxelles central, Namur et Gand, ils entendent souligner le caractère inhumain dont le gouvernement belge semble faire sa marque de fabrique en matière d’asile.

“ Le gouvernement actuel cherche à faire disparaître une part de notre humanité en laissant toute forme de solidarité envers des personnes déracinées et laissées livrées à elles-mêmes” explique Bastien*, l’un des organisateurs. Non seulement les personnes en situation irrégulière ne peuvent plus prétendre être en sécurité sous leur toit, mais le domicile de celles et ceux qui leur ouvrent leur porte pourrait bientôt ne plus être un refuge .”

L’action pacifique et festive se fait en réponse à la violence des mesures policières, administratives et politiques dont font l’objet les personnes migrantes, réfugiées et solidaires. Depuis la communication calibrée à dessein du Secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, en passant par ses mensonges devant le Parlement jusqu’au renvoi de personnes risquant la torture et, bientôt, le retour de l’enfermement des mineurs en centres fermés, le gouvernement belge s’enferme dans l’inhumanité.

Chaque soir, ce sont plusieurs dizaines de familles, de colocataires, de femmes et d’hommes qui se relaient pour héberger quelques 200 à 250 personnes isolées que le gouvernement laissent livrées à elles-mêmes en attendant de pouvoir les arrêter. Au bout du compte, cela fait des milliers de personnes impliquées dans ce processus humain et solidaire, comme le démontrent les 40.000 personnes inscrites sur la Plateforme d’hébergement citoyen.

Au HUB humanitaire, les volontaires se comptent par centaines pour apporter chaque jour des conseils, des fournitures, un accompagnement aux services d’urgences, mais aussi des moments simples de vie partagée avec des personnes qui cherchent avant tout un endroit où souffler et reprendre des forces après le périple parcouru. Toutes et tous sont des citoyen.ne.s belges que le gouvernement refuse de reconnaître dans leur solidarité et tend à marginaliser en durcissant son discours et ses mesures.

Ces citoyen.ne.s, descendus à plusieurs reprises dans les rues de la capitale, ont chaque fois démontré qu’ils.elles ne sont pas une minorité silencieuse de bobos bisounours, mais une société civile organisée, protectrice des droits humains et attentive aux agissements du gouvernement lorsque celui-ci, dans son ensemble, les viole sous couvert d’un hypothétique appel d’air. Depuis les rassemblements de décembre pour empêcher les opérations d’arrestations policières, jusqu’à la manifestation qui réunit plus de 10 000 personnes le 25 février dernier, les valeurs de dignité humaine, de solidarité et d’humanité sont des courants de fond que le gouvernement ne peut continuer d’ostraciser en faisant appel à la peur, aux mensonges et à la démagogie.

Alors que le pays s’apprête à aborder la Coupe du monde sous le slogan national de “L’Union fait la force”, la politique menée actuellement tend à diviser la population belge entre pro et anti-migrants. Conscient que la question se révèle bien plus complexe que ce raccourci populiste emprunté par plusieurs personnalités politiques, le collectif citoyen
entend fédérer autour des notions communes d’humanité, de dignité et de solidarité.

“ Ces trois valeurs doivent être les piliers de nos politiques, en particulier lorsqu’il s’agit d’asile et de migration, défend Lise*, participante à l’action. Chaque individu doit être traité dans sa singularité et non comme appartenant à un groupe générique, sous peine de voir ses droits fondamentaux bafoués. Aussi, la dignité de chacun doit être garantie, et c’est le rôle de l’Etat de s’en assurer. Actuellement, des personnes malades, des femmes enceintes et des mineurs sont laissé.e.s sans soins sous prétexte qu’ils.elles sont migrant.e.s. Enfin, la solidarité est à la base de notre humanité. Lorsque l’on cherche à la criminaliser, on s’attaque aux fondements même de nos sociétés démocratiques ”.

L’organisation de cette action pacifique dans 3 villes majeures du pays est une manière de souligner que le mouvement citoyen de solidarité traverse l’ensemble du pays, contrairement à l’image véhiculée d’un pays fracturé entre francophones naïfs et Flamands racistes. Lorsque les fondements de nos sociétés sont mis à mal par des partis et des médias qui se détournent de l’intérêt public, c’est l’ensemble de la société civile qui se mobilise, transcendant les clivages sociaux, linguistiques et politiques classiques.

Don’t let humanity fly away… Hold it tight !

Voir les images de l’action 

*Au vu du climat actuel, nous avons choisi des noms d’emprunts. Nous déplorons cette mesure malheureusement nécessaire.

29 mars 2018