Le voile est levé sur l’autre l’histoire européenne

Cet ouvrage de Bruno Poncelet, anthropologue de formation, met en lumière ces petits « détails » tellement importants qu’ils ont opportunément été laissés de côté dans le discours officiel qui circule dans les médias et dans la bouche de ceux qui font l’Europe, jour après jour.

En 1950, les pères fondateurs de l’Europe avaient le rêve d’unir les Etats-nations en une sorte de fédération européenne. Ce rêve s’est concrétisé en devenant un projet politique qui a donné naissance à l’Union Européenne et à ses institutions : la Commission européenne, le Parlement européen, la banque centrale européenne… Un projet dont le succès est apparemment indéniable : vingt-huit pays sont réunis autour du désir de mettre fin aux guerres, de gouverner en harmonie avec les autres Etats membres de l’Union Européenne et de faire prospérer les libertés et la démocratie.

Cet ouvrage de Bruno Poncelet, anthropologue de formation, met en lumière ces petits « détails » tellement importants qu’ils ont opportunément été laissés de côté dans le discours officiel qui circule dans les médias et dans la bouche de ceux qui font l’Europe, jour après jour.  Ces « petits détails » ne sont autre que la souveraineté politique, la séparation des pouvoirs dans le monde politique et dans la sphère économique du marché, la reconnaissance des droits sociaux ou le maintien d’une planète habitable pour tous.
Au regard de ces éléments, Bruno Poncelet nous propose une autre biographie de l’Europe, celle dont les médias ne nous parlent pratiquement jamais, une biographie non autorisée.

L’auteur déconstruit l’histoire et le discours officiel au départ d’exemples puisés dans la vie quotidienne. Ses analyses et arguments, clairs et lucides, tranchent avec le discours abstrait et jargonnant généralement utilisé par les experts européens qui pousse les non spécialistes à se sentir impuissants et désemparés face à l’Europe… avec la désaffectation, voire le désamour, des citoyens pour cette entité dont les décisions influent de de plus en plus sur notre quotidien.

Tout au long de cette lecture interpellante et plus particulièrement dans le chapitre intitulé « moraliser le capitalisme », l’auteur remet dans la perspective du réel les fables modernes que sont la « concurrence libre et non faussée », présentée  comme une promesse d’un avenir radieux et prospère. Il montre pourquoi le Cap des Bonnes Affaires est un mirage qui accroît les pouvoirs des empires marchands; comment la bascule monétaire finit par appauvrir les populations ; comment les prêts toxiques des Etats-Unis ont émigrés en Europe etc.

Dans la même lignée, il revient sur l’origine de la crise économique et de l’austérité et la présent comme le résultat d’un déficit démocratique, une concentration excessive des pouvoirs (notamment en faveur des firmes nationales), une manipulation des marchés financiers, causés par une Europe qui n’arrivait pas à suivre le rythme de la grande course pour l’hégémonie mondiale.

Ne faut-il pas s’indigner devant une Europe, qui, dans le but de se relever, compte renforcer la tyrannie des marchés et développer un univers ultra compétitif?
Tout en prônant les valeurs fondamentales qui le portent, Bruno Poncelet laisse à chacun le soin de méditer de qui est enviable ou ou indésirable pour l’avenir du Vieux Continent.

Charline Monseur, stagiaire COM

« Europe, une biographie non autorisée. De la « Paix américaine » à la « Civilisation poubelle » de Bruno Poncelet, Les Editions Aden, Cepag et Barricade, 2014, 580 pages