Illégal

« Illégal » de Olivier Masset-Depasse
Dossier distribué à l’occasion de la Première au Festival international du film francophone de Namur

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L’histoire
Tania Zimina (39 ans), une femme d’origine russe, et son fils Ivan (13 ans) sont arrivés en Belgique il y a huit ans. Bien qu’ils soient bien intégrés, ils n’ont pas de papiers d’identité et vivent dans la clandestinité. Jusqu’au jour où il se font contrôler par la police de l’immigration. Tania se fait prendre. Ivan y réchappe de justesse. Tania est envoyée dans un centre fermé pour sans-papiers. Elle va devoir affronter l’enfer carcéral d’un centre fermé et découvrir qu’il existe des zones de non-droits. Et puis, un jour, « ils » voudront l’expulser… Loin de son fils…

Pourquoi la Ligue soutient ce film ?
C’est dans le détail qu’ «Illégal » fait toute la différence par rapport à l’ensemble des films (très peu nombreux d’ailleurs –« La Blessure » de Nicolas Klotz, « Le visiteur » de Tom McCarthy) qui abordent le sujet des expulsions. Ce détail, fondamental, c’est l’absence d’un « e » à la fin du terme « Illégal ». Une absence qui définit tout le propos du film d’Olivier Masset-Depasse et pose d’emblée une prise de position intransigeante. Car si le personnage de Tania, vivant en Belgique dans la clandestinité avec son fils, est bien une femme, aussi forte que désespérée, ce n’est pas elle qui est visée par cet adjectif mais bien le traitement dégradant, scandaleux et indigne d’une démocratie qui est infligé, en toute légalité, aux sans-papiers en Belgique, en l’occurrence, mais également un peu partout en Europe. Ce qui est inscrit dans la loi peut être profondément inhumain et pose de légitimes questions quant aux fondements éthiques, humains, de cette légalité.

Détaillant avec minutie le quotidien déprimant des individus et familles vivant dans un centre fermé (la Ligue des droits de l’Homme et à Hugues Dorzée, journaliste au « Soir » ont été conseillers sur le film afin qu’il reflète le plus possible la réalité), Olivier Masset-Depasse dépeint, sans complaisance ni démagogie, les relations ambivalentes qui se nouent entre les détenus et les tiraillements intérieurs de certains membres du personnel du centre. Il renvoie violement le spectateur à la fonction réelle mais inaudible d’un centre fermé : celle d’une prison qui cache son nom.

Mais ne nous y trompons pas : « Illégal » n’est pas un film militant. C’est avant tout un film juste qui fonctionne comme un thriller où la fiction est la réalité.