Essai sur la criminalité financière

Cassandre, fille du roi Priam, avait reçu d’Apollon le don de prophétie. Mais comme elle s’était refusée à lui, le dieu courroucé la frappa d’une terrible malédiction : jamais elle ne serait crue.

Il en est de même de ceux qui dénoncent l’explosion de la criminalité financière dans le monde et se battent contre ce phénomène, qui détruit les démocraties : on ne les croit pas ! Pourtant, les chiffres sont là : les entreprises pirates se sont introduites dans les économies saines, l’argent sale circule sans difficulté, la corruption gangrène les États, la cybercriminalité bouleverse les comportements, les organisations criminelles développent leurs activités par une ingénierie sans cesse en développement et par le recours à la violence. Le tout sur fond de crise financière, dont les conséquences renforcent la puissance des mafias, et de menaces terroristes tout aussi déstabilisantes. Alors que les institutions internationales ne cessent de marteler l’urgence d’une prise de conscience du phénomène et du combat qu’il nécessite, au niveau national, les gouvernements paraissent en ignorer les messages.

A l’heure où les Panama Papers rappellent à quel point, 20 ans après l’Appel de Genève, les gouvernements n’ont rien (ou si peu) fait pour lutter efficacement contre la criminalité financière et les paradis fiscaux lui permettant de frauder en toute sécurité, cet ouvrage, solidement rédigé et documenté, est à lire de toute urgence.

Une lecture rendue encore plus indispensable (et sans doute écoeurante) à l’heure où le récent ajustement budgetaire démontre le manque de volonté politique d’investir de manière massive dans la lutte contre la fraude fiscale et ce alors que, comme le démontre implacablement cet ouvrage, ces paradis fiscaux constituent la plaque tournante du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme.

Essai sur la criminalité financière – Le club des Cassandre » de Michel Claise, éditions Racine, 2016, 208 pp.