Droit a l’action collective

Bruxelles, le 16 juin 2020

À Madame la Première Ministre
À Messieurs les Vice-Premiers Ministres,
À Messieurs les Ministres de la Justice, de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères,
À Messieurs les Ministres-présidents,

cc : présidents des partis démocratiques

Madame la Première Ministre,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Ministre Président

Durant des mois, pour d’évidentes raisons de priorités aux urgences sanitaires, nous, responsables de lieux culturels et socioculturels, artistes, animateurs de mouvements d’éducation permanente ou d’action collective, avons dû accepter de mettre en sommeil tous les lieux et rassemblements qui rendent possibles nos missions sociales, émancipatrices, démocratiques ou culturelles.

Pour autant, nous n’avons jamais considéré ces missions comme accessoires ni secondaires. D’ailleurs, nous avons développé des alternatives parce que des besoins urgents ont dû être rencontrés sur le terrain! En tout temps, mais plus encore face à un vaste événement traumatique comme la pandémie qui nous frappe, l’échange, l’expression culturelle, la rencontre et la délibération, et la manifestation publique des intérêts et des convictions sont indispensables à la vie en commun.

Pour voir et juger correctement, nous avons besoin d’artistes, de culture, de débats, d’espaces de paroles et de rassemblements publics. Pour défendre les droits fondamentaux et une démocratie consistante, nous avons besoin de nous rassembler pour échanger et débattre, comprendre et juger ensemble, et agir, manifester au besoin pour nous faire entendre.

En cette seconde semaine de juin, après les mesures annoncées par le CNS du 3 juin qui desserrent un peu certains lieux de culture, nous voici dans un monde où tout est déconfiné, sauf l’expression publique de nos droits fondamentaux, et les possibilités d’être et d’agir ensemble. Ces lieux et ces droits, nous demandons aux gouvernements de les rouvrir sans délai.Nous ne comprendrions pas-et nous n’accepterons pas -que le prochain CNS n’autorise pas, pour les débats et les formations de l’éducation permanente, pour les ateliers divers avec adultes et enfants, pour l’exercice pacifique du droit de rassemblement public, au moins autant que ce qui est autorisé depuis des semaines déjà pour les commerces non-alimentaires et certains secteurs relevant des régions. Par-delà les polémiques partisanes, il n’est pas imaginable que ce qui est permis dans les centres commerciaux ou à la rue Neuve soit interdit pour l’exercice des droits constitutionnels les plus fondamentaux –à charge des organisateurs de faire preuve de la prudence nécessaire conformément aux règles générales en vue d’assurer la sécurité des travailleurs de nos secteurs et du public ou des participants.

Nous rappelons le principe constitutionnel que l’action collective (y compris le droit à manifester dans l’espace public), et la liberté d’association et de réunion publique sont des principes fondamentaux qui ont été l’objet de limitations exceptionnelles et provisoires, et que ces limitations doivent prendre fin.Au-delà des indications générales demandées aux citoyens partout (social distancing, hygiène, masques …), aucune limitation n’est acceptable.

Il y a une urgence démocratique, sociale et culturelle ! Comptant fermement sur votre souci de rendre la démocratie et la culture à nouveau vivantes, nous vous prions d’agréer l’assurance de toute notre considération.

Signataires :
CSC
FGTB
MOC – Mouvement ouvrier chrétien
PAC – Présence et Action Culturelles
Ligue des droits humains
Liga voor Mensenrechten
RWLP – Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté
DEI – Défense des Enfants International