THX1138

Ce film a été projeté par la LDH pour illustrer l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »

THX 1138 : cauchemar blanc
Un monde situé sous terre, sans couleurs ni saveurs, vierge de toute sensation si ce n’est celui du toucher lorsque les coups pleuvent. Un monde aux prisons sans murs aux libertés inexistantes où toute notion de vie privée n’est même plus un vague souvenir.  Un monde paradoxalement sombre malgré le blanc immaculé, infini, seul décor pour la population humaine qui y est maintenue en captivité forcée. Voilà l’univers, situé dans un dédale de souterrains, d’où THX 1138 va tenter de s’enfuir.  En effet, THX 1138, un mâle, a commis le pire des crimes : il n’a pas absorbé la drogue prescrite et a fait l’amour avec une femelle.

Loin d’être un film d’action ou une aventure héroïque, THX 1138 est un film de science-fiction, un vrai. Pour son premier long métrage, Georges Lucas, qui n’avait pas encore la tête dans les étoiles où il fera la guerre, se frottait à un cinéma alliant expérimentation formelle (le monochrome fascinant des « décors » ultra minimalistes) et réflexion sur la société, inspirée de 1984 et doté d’idées politiques plutôt radicales lorgnant vers le marxisme de l’école de Francfort. Lucas met l’accent sur l’aspect introspectif et cauchemardesque de cette société aseptisée, sans profondeur ni perspective, sans amis et ni famille. Un univers de systèmes, de fonctions, de procédures, maelström de consignes où le destin de l’humanité est réduit à n’être qu’un rouage dans l’immense machine de production de robots sans âme qui la surveille, l’exploite et lui proscrit tout accès à l’imagination et aux sentiments. Décrit par Lucas comme une « métaphore des années 70 », le film garde toute son actualité politique, à l’image de cette population qui fabrique ses propres démons.

Une des forces paradoxale de THX 1138 est qu’il est un non-spectacle, une expérience exclusivement intellectuelle, dénuée de toute référence à la sensation. Exercice de style virtuose, il nous invite à réfléchir sur le rôle de chacun dans la construction d’une société qui pourrait l’écraser et, en écho, à  la responsabilité individuelle dans la sauvegarde des droits fondamentaux. Et le droit à la vie privée n’est pas la moindre de ces libertés en suspens.

« THX 1138 » de Georges Lucas (USA, 1971) avec Robert Duvall et Donald Pleasence

Fiche didactique