In this World

Ce film, Ours d’Or au Festival de Berlin 2002,  a été projeté par la LDH pour illustrer  l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme :
« 1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »

L’histoire
Jamal et Enayatullah, réfugiés afghans, sont cousins et vivent dans un camp près de Peshawar, au Pakistan. Lorsque sa famille décide d’envoyer Enayatullah à Londres pour lui assurer une vie meilleure, Jamal persuade sa famille que, malgré son jeune âge, il doit accompagner son cousin car il parle couramment anglais. Les deux garçons quittent le village. Commence un long voyage à travers l’Iran, la Turquie, l’Italie et la France jusqu’à Londres…

Pourquoi la Ligue a choisi ce film
In This World est un film bouleversant à plus d’un titre. Tout d’abord parce que cette histoire de fuite vers le bonheur (illusoire ?) occidental est tiré d’une histoire vraie. Ou plutôt, de dizaines milliers d’histoires vraies, issues de témoignages recueillis notamment au tristement célèbre camp français de Sangatte, dont In this World constituerait la poignante et universelle synthèse : des histoires de rêve qui tournent souvent en cauchemar, de prise de risques insensés dans l’espoir d’un avenir meilleur. Des histoires de vie, de survie et, parfois de mort.

Ensuite, parce que, en suivant au plus près les déambulations chaotiques de Jamal et Enayatullah entre les frontières, les arnaques et les pots-de-vins, Michaël Winterbottom se focalise sur la dimension tragiquement humaine de ce voyage, dimension qui ne peut être envisagée dans les statistiques des migrations. Il s’attarde sur ce pan de vie, largement occultée par les médias qui ne présentent le plus souvent que l’avant et l’après voyage.

Tourné dans un style quasi-documentaire renforcé par l’utilisation d’une caméra digitale portée à l’épaule, In this World rend floue les frontières de la fiction et de la réalité, plaçant ainsi le spectateur face à la réalité violente, cruelle, de ces réfugiés. En tremblant pour eux, il ressentira une infime parcelle de cette peur à laquelle Jamal et Enayatullah doivent faire face tout au long de leur voyage. L’angoisse de passer d’un camp, celui de Peshawar, à un autre, celui de Sangatte, n’est pas la moindre. Car en cas d’échec, ils auront tout perdu : leur argent et leur espoir.

A l’heure où la répression des demandeurs d’asile semble être la seule politique réellement coordonnée en matière de politique migratoire, où les drames des migrations sont désincarnées pour n’être plus qu’un flux dans les colonnes des faits divers, In this World redonne un visage et une dignité à ces hommes et ces femmes, contraints de quitter leur terre, leur pays, leur famille et leurs amis pour échapper à leur sort. Et se donner la chance de vivre une vie meilleure, tout simplement.
David Morelli

« In this World » de Michaël Winterbottom (2001). Ours d’Or du Meilleur film au Festival de Berlin 2003. Avec Jamal Udin Turabi et Enayatullah.

Fiche didactique