Hacking Justice

Le Film-documentaire Hacking Justice

[1] permet d’appréhender de l’intérieur l’affaire Julian Assange qui, depuis de nombreuses années, suscite de vives réactions à travers le monde.

Pour rappel, Julian Assange est un journaliste, lanceur d’alerte, cyber-militant et co-fondateur du site Wikileaks, connu pour dévoiler des documents sensibles souvent classés confidentiels. Le site a notamment diffusé, en 2010, de nombreuses informations sur les activités de l’armée américaine lors de la guerre en Irak et en Afghanistan [2]. Ces publications vaudront à Julian Assange de faire l’objet d’enquêtes de la part de plusieurs agences gouvernementales américaines [3] ainsi que d’être poursuivi sous différents chefs d’accusation en vertu des lois sur l’espionnage. À ces enquêtes, s’ajoutaient les poursuites pour viol  dont était accusé Julian Assange en Suède [4].

Menacé de se faire arrêter par la police britannique en 2012, le lanceur d’alerte obtient l’asile politique au sein de l’ambassade d’Equateur au Royaume-Uni. Il y restera enfermé durant sept ans, sans possibilité de sortie, sous peine d’arrestation et de possible extradition vers la Suède et, ensuite, les États-Unis (où il risque la peine de mort). C’est au début de cette détention arbitraire que Julian Assange et son équipe contactent Baltasar Garzón (l’homme qui a permis d’arrêter l’ancien dictateur Pinochet) qui apparait alors comme l’avocat idéal à la défense de sa cause.

Le documentaire, par un accès privilégié, nous présente le combat de Baltasar Garzón pour faire reconnaitre la cause de Julian Assange devant les plus hautes sphères de justice.

Aujourd’hui encore, cette affaire est loin d’être classée. En effet, Julian Assange est actuellement emprisonné au Royaume Uni, dans des conditions plus que douteuses, depuis le 11 avril 2019, après que l’Equateur ait mis fin à l’asile qui lui était accordé. Nils Melzer, rapporteur des Nations Unies sur la torture, a d’ailleurs déclaré ce 1er novembre 2019 « L’ exposition continue [de Julian Assange] à l’arbitraire et aux abus pourrait lui coûter bientôt la vie » [5].

Cette affaire est exemplative du difficile équilibre entre droits individuels et sûreté de l’État. Elle pose de nombreuses questions sur la liberté d’expression, la liberté de la presse ainsi que sur la détention arbitraire.  Julian Assange se fait l’emblème du combat pour le maintien de ces libertés qui ne sont, à notre grand dam, pas encore acquises et pour lesquelles il reste primordial de continuer à se battre.

[1] Ce mercredi 20 novembre 2019, Le Festival Millénium, en collaboration avec la députée européenne Maria Arena et le Palais de Beaux-Arts de Bruxelles, organisaient une projection-débat sur le documentaire Hacking Justice réalisé par Clara Lopez Rubio et Juan Pancorbo.
[2] Quelques 250 000 câbles diplomatiques et 500 000 documents classés confidentiels sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Aghanistan. www.france24.com/fr/20191101-royaume-uni-julian-assange-wikileaks-danger-sante-extradition-etats-unis
[3] www.lalibre.be/debats/opinions/julian-assange-ce-grand-homme-qui-meurt-dans-l-indifference-generale-5dc17356d8ad58388747e783
[4] Le parquet suédois a annoncé la fin des poursuites pour viol à l’encontre de Julian Assange ce mardi 19 novembre 2019. www.rtbf.be/info/monde/detail_suede-le-parquet-abandonne-les-poursuites-pour-viol-contre-julian-assange?id=10369190
[5] www.monde-diplomatique.fr/2019/05/BRANCO/59876