Bruxelles, le 14 mars
Ce vendredi 15 mars, Journée internationale contre les violences policières, la Ligue des droits humains et la Liga voor mensenrechten publient une carte interactive qui recense les personnes mortes suite à une intervention policière en Belgique ces 25 dernières années. Cette carte cherche à pallier l’absence de statistiques officielles concernant les violences policières dans notre pays. Visibiliser les violences policières, c’est, pour la Ligue des droits humains et la Liga voor mensenrechten, un préalable essentiel pour les enrayer.
Il y a la mort de Mawda, petite fille de deux ans, suite à un tir policier en 2018, celle de Jozef Chovanec, dans une cellule de l’aéroport de Charleroi. La mort de Sourour Abouda, en janvier 2023, dans une cellule d’un commissariat bruxellois. Mais des noms tels que ceux de Celil Kaya, de Fololo Monga et de Soulaïman Jalili Archich sont moins présents dans la mémoire collective.
Une mémoire des décès liés à une intervention policière
Réalisée par Maud Girault grâce à une bourse de recherche FrArt (FNRS – A/R), cette carte interactive garde en mémoire tous les décès connus liés à une intervention policière depuis 1998, année du décès de Semira Adamu étouffée par des gendarmes lors d’une expulsion forcée.
En croisant divers recensements militants (notamment ceux de Bruxelles Panthères, ObsPol et de la réalisatrice Cécile Guypen), Maud Girault y a consigné le lieu du décès, la zone de police impliquée, la date, les circonstances, ainsi que des informations sur les procédures judiciaires lorsque celles-ci sont disponibles. La carte n’est pas exhaustive, les données sont particulièrement difficiles à récolter côté flamand, par manque d’ informations concernant les décès dans les médias et/ou accessibles aux collectifs militants. La Ligue des droits humains et la Liga voor Mensenrechten prennent le relais de ce travail titanesque et s’attèleront à actualiser cette carte, que vous pouvez consulter sur cette page de Police Watch, l’Observatoire des violences policières de la Ligue des droits humains.
Visibiliser les violences policières et leur traitement judiciaire
Un des objectifs de cette carte, c’est donc d’amorcer un travail de recensement et de pallier l’absence de statistiques officielles concernant les violences policières, ce que dénoncent la Ligue des droits humains et la Liga voor mensenrechten depuis de nombreuses années. Ce phénomène est en effet encore largement invisibilisé, même si les choses bougent petit à petit, grâce au travail de sensibilisation des groupes militants et des collectifs constitués autour des familles de victimes (Bruxelles Panthères, Collectif des Madre, Comité de soutien Lamine Bangoura, Comité Justice pour Mehdi, Bruxelles Devie, etc.).
Un autre objectif de la carte sera de documenter le traitement accordé à ces affaires par la justice : classement sans suite ou non-lieu? Acquittement? Condamnation avec suspension du prononcé? Condamnation avec peine? En incluant des informations sur les suites judiciaires, la carte permettra à tout le monde de se tenir au courant de l’évolution des dossiers. Des tendances pourront sans aucun doute aussi apparaître au fil du temps.
Marche du 15 mars 2024
En cette journée du 15 mars, plusieurs associations (la JOC et Outils solidaires contre les violences policières) appellent à marcher contre les violences et la répression policières et revendiquent plusieurs autres mesures comme des procédures disciplinaires automatiques en cas de décès impliquant des policier·ères ou encore la fin des courses-poursuites injustifiées. La marche démarrera à 18 heures de la Place du Congrès à Bruxelles.
Pour prolonger la réflexion sur les violences policières, la Liga voor mensenrechten lance un podcast en quatre épisodes. Son titre: « Ongelijke Strijd » que l’on peut traduire par « Combat inégal ». Il raconte le combat long et difficile que mènent ces familles (de) victimes de violences policières, devant la justice. Le podcast est à écouter sur Spotify et sur le site de la Liga.