Le respect de la vie privee,
un droit fondamental

Les données personnelles, telles que nos opinions politiques, nos appels et emails, nos photos, nos dossiers médicaux, nos informations bancaires et notre historique de navigation internet, sont toutes protégées par le droit à la vie privée. Ce droit nous donne la possibilité de chercher des informations, former des opinions et prendre des décisions sur tous types de questions, et de le faire à l’abri de toute pression sociale et de tout jugement. Parce que la plupart de nos données se trouvent sur le web, nous utilisons fréquemment le terme de « protection des données », plutôt que « vie privée ».

Technologies et surveillance
Si les technologies nous ouvrent de nombreuses perspectives, elles comportent également de nombreux dangers. Géolocalisation, vidéosurveillance, authentification, biométrie… les outils de surveillance s’invitent de plus en plus régulièrement dans les gadgets de notre quotidien. Sans en être forcément conscient·e·s, nous sommes l’objet voire les objets d’une surveillance globale constante. Les données personnelles nous concernant sont de plus en plus stockées dans des bases de données et partagées sur internet. Ce partage de données ouvre la porte à de nouvelles formes de surveillance qui peuvent poursuivre des objectifs différents.
Surveille·e·s pour consommer

Quand nous navigons sur internet, nos informations personnelles, telles que notre genre, notre âge, notre localisation ou encore notre historique de navigation (en ce compris, nos recherches portant sur notre santé ou encore nos préférences politiques), sont collectées puis transmises à des dizaines de milliers d’entreprises du secteur de la publicité en ligne.

À partir de nos données personnelles, les entreprises établissent notre profil et déterminent, en l’espace de quelques millisecondes, si nous représentons ou non un potentiel consommateur. Si c’est le cas, elles émettent une offre pour acquérir le droit de nous cibler avec une pub pour tous produits/services susceptibles de nous intéresser.

Cette pratique est devenue tellement courante qu’elle peut sembler banale aux yeux de certain·e·s. Elle est pourtant illégale. Nous avons le droit de nous sentir en sécurité lorsque nous faisons des recherches liées à notre santé, que nous choississons une école pour nos enfants ou encore que nous cherchons de l’aide en vue de révéler notre homosexualité à notre famille, sans que toutes ces informations personnelles ne soient transmises à des inconnus. C’est pour cette raison que plusieurs associations européennes de défense des droits humains, dont la LDH, ont déposé plainte auprès de leur autorité nationale en charge de la protection des données personnelles (l’Autorité de protection des données en Belgique). La plainte a été introduite en juin 2019 et nous n’avons à ce jour pas encore reçu de réponse.

La poursuite d’objectifs politiques et securitaires

Les gouvernements utilisent la surveillance de masse pour recueillir et collecter des informations sur les activités en ligne des citoyen·ne·s (ce que nous lisons, à qui nous parlons, etc.), notamment à des fins politiques.

L’affaire Cambridge Analytica en est un bon exemple. Ce scandale porte le nom de l’entreprise qui a récolté les données de quelque 87 millions d’utilisateurs Facebook partout dans le monde en exploitant une faille de sécurité sur une application du réseau social. Ces données ont ensuite été utilisées afin d’influencer les résultats des élections législatives de 2014 en Inde et présidentielles de 2016 aux USA, ainsi que le vote en faveur du Brexit.

Indépendamment de nos déplacements, notre vie intime, nos opinions politiques et culturelles sont dorénavant encodées au départ de notre ordinateur personnel. Outre une quantité incroyable de données révélées volontairement par les utilisateur·rice·s des réseaux sociaux, les opérateurs de télécommunication ont l’obligation d’enregistrer pour une période donnée l’ensemble des métadonnées, c’est-à-dire toutes nos données générées par nos communications téléphoniques et électroniques (liste de contacts, date, heure des échanges…), à l’exception du contenu des communications. Les durées de conservation varient maintenant en fonction de la nature des données, avec un maximum de 12 mois. En accédant à ces données, les services répressifs ont la possibilité d’obtenir une série importante d’informations à notre sujet.

Les utilisateur·rice·s des smartphones étant en permanence connecté·e·s, les applications en ligne, agendas, plans des villes, réseaux sociaux sont autant d’informations accessibles (sur demande) pour les autorités judiciaires.

Cette récolte massive de données personnelles peut aussi se faire à travers l’installation de dispositifs dans l’espace public. Caméras intelligentes, reconnaissance faciale, bornes wifi, etc. : sous couvert d’une ambition de créer des villes durables et innovantes, les technologies installées dans le cadre du développement des « Smart city » (ou villes intelligentes en français) permettent de récolter toujours plus de données pour aboutir à une plus grande surveillance de l’espace urbain. Documenter les dérives des Smart Cities et organiser la résistance, c’est ce que s’est donné pour objectif la campagne Technopolice, qui se limite actuellement au territoire français. Affaire à suivre en Belgique ?

Exercons nos droits digitaux,
protegeons nos donnees personnelles !

Dès lors que nos données personnelles sont utilisées, traitées, par une personne ou une société, nous avons des droits. Par exemple, nous avons le droit d’avoir accès à toutes les données qu’une société détient sur nous. Nous avons le droit de lui demander de rectifier une information nous concernant ou de retirer notre consentement si nous ne voulons plus recevoir de publicités. Dans la partie « mes droits » , nous t’expliquons certains de ces droits et comment les exercer.