Bruxelles, le 12 juin 2023
Ce mardi 13 juin 2023, la coalition #Protectmyface*** qui rassemble huit associations bruxelloises de défense des droits humains sera auditionnée par le Parlement bruxellois. Elle appellera les député·es à se positionner contre l’usage de la reconnaissance faciale dans l’espace bruxellois. Cette technologie n’est pas légale en Belgique mais des tests ont déjà été réalisés par la police fédérale à plusieurs reprises. Il n’existe par ailleurs aucun frein technique à son implantation à Bruxelles. Cette technologie de surveillance biométrique menace les libertés et droits fondamentaux de chacun·e. La campagne #Protectmyface invite le Parlement à protéger les données personnelle de toutes les personnes qui circulent sur son territoire.
La coalition #Protectmyface, qui réunit huit associations francophones et néerlandophones, saisit cette opportunité d’audition devant la Commission des affaires intérieures du Parlement bruxellois ce mardi 13 juin. Elle va porter la voix de plus des 1000 Bruxellois·es qui ont signé la pétition appelant à interdire l’usage de la reconnaissance faciale dans l’espace public bruxellois.
Installer l’infrastructure, tester des logiciels, éluder les questions éthiques
Cette technique d’analyse biométrique qui utilise les caractéristiques du visage (la longueur du front, l’écartement des yeux, les arêtes du nez, la distance entre la bouche et le nez, etc.) pour identifier une personne, en les croisant avec une base de données, est interdite en Belgique, puisqu’il n’existe pas de base légale.
Malgré cela, depuis plusieurs années, des tests ont été réalisés par la police fédérale, en toute opacité et sans débat démocratique. Des logiciels tels que le très controversé Clearview AI sont testés et l’infrastructure nécessaire est installée, alors que les questions éthiques et d’impact sur les personnes sont totalement éludées.
Or, les risques que comporte cette technologie sont connus : l’usage de la reconnaissance faciale entrave le droit à l’anonymat dans l’espace public, celui de manifester, la liberté de réunion, entraînant, selon des recherches menées notamment en Grande-Bretagne, un « chilling effect », effet paralysant les personnes se restreignant elles-mêmes dans leurs comportements.
Cette technologie renforce également les discriminations existantes, par exemple vis-à-vis des communautés déjà plus largement ciblées par les contrôles policiers. Enfin, les risques de fuites et de piratage de données personnelles très sensibles comme celles récoltées par la reconnaissance faciale sont loin d’être inexistants, surtout à Bruxelles, capitale de l’Union européenne, siège de l’OTAN et de nombreuses institutions.
Bruxelles peut être une ville exemplaire
Bruxelles peut protéger ses citoyen·nes de cette technologie invasive, d’autres villes l’ont fait avant elle, comme Lausanne et Zurich en Suisse, ou encore San Francisco aux États-Unis.
Lors de cette audition, les associations demanderont au Parlement bruxellois d’adopter une résolution interdisant l’usage de la reconnaissance faciale dans les rues de Bruxelles. Elles appelleront également le Parlement, sous le contrôle des organes compétents, à respecter ses engagements et assurer une meilleure transparence sur ces pratiques de surveillance.
*** La coalition #Protectmyface réunit 8 associations : la Ligue des droits humains, la Liga voor mensenrechten, le MRAX, Genres pluriels, le Ciré, le Collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations, Technopolice et Tactic.
INFORMATIONS PRATIQUES:
Quand ? Le 13 juin 2023 à 9h30
Où ? Parlement bruxellois, rue du Lombard, 69 – 1000 Bruxelles
L’audition pourra être suivie à distance via la chaîne Youtube du Parlement bruxellois : https://www.youtube.com/@parlementbrussels
Plus d’infos : Aline Wavreille (chargée de communication Ligue des droits humains) : 0473/741.600