Bruxelles, le 17 septembre 2024
Les lundi 14 et mardi 15 octobre, la Ligue des droits humains, en collaboration avec Bruxelles Laïque dans le cadre du Festival des Libertés, présentera au Théâtre National « On vous voit », la 5ème édition de son procès fictif. Cette année, la LDH et Sophie Delacollette (écriture et mise en scène) emmènent le public devant la Cour constitutionnelle pour interroger les risques liés à l’autorisation de la reconnaissance faciale dans l’espace public. On y questionnera aussi la nécessité de ces technologies de surveillance au regard des risques qu’elles font peser sur nos droits et libertés fondamentales, comme le droit à la vie privée et ou celui de protester.
2026. Une loi sur la reconnaissance faciale vient d’entrer en vigueur en Belgique et suscite certaines critiques. La Cour constitutionnelle a été saisie par une association des droits humains qui en demande l’annulation. En clair, faut-il permettre – ou non – aux autorités d’utiliser la reconnaissance faciale lors de situations exceptionnelles, comme une menace terroriste ou des faits de criminalité grave ? Être reconnu et identifié dans la rue, c’est l’histoire que trois personnes vont vivre lors de ce procès fictif coécrit et mis en scène par Sophie Delacollette.
AI Act et tests illégaux
Si ces trois histoires sont inventées et incarnées sur scène par des comédien·nes, la technologie de la reconnaissance faciale n’appartient quant à elle plus à la fiction. En août 2024, le règlement de l’Union européenne chargé d’encadrer l’intelligence artificielle («l’AI Act ») est entré en vigueur : s’il interdit l’usage de la reconnaissance faciale en temps réel dans l’espace public à des fins de surveillance, le texte prévoit plusieurs exceptions à cette interdiction, comme par exemple le cas de la menace terroriste. L’AI Act laisse par ailleurs une manœuvre assez large aux États membres pour interpréter cette nouvelle loi.
En réalité, jusqu’ici, il n’existe pas en Belgique de cadre légal pour l’utilisation de la reconnaissance faciale, ce qui n’a pas empêché la police fédérale de tester cette technologie, illégalement, à plusieurs reprises entre 2017 et 2022.
Depuis près de deux ans, la LDH réalise un travail de sensibilisation sur ces questions de surveillance avec la coalition « #Protectmyface » ce qui l’a amenée à introduire une pétition devant le Parlement bruxellois pour demander le vote d’une résolution interdisant la reconnaissance faciale dans l’espace public bruxellois. Cette résolution n’a malheureusement pas abouti, faute de consensus politique sur cette question.
Libertés fondamentales et sécurité
Ce procès fictif veut donc interroger les impacts concrets sur les libertés fondamentales de cette technologie lorsqu’elle est utilisée dans l’espace public. Il entend aussi présenter ses potentialités en termes de sécurité, avec deux regards experts sur la question. Quant aux avocat·es, iels prolongeront ces réflexions dans la dimension « procès », devant la Cour constitutionnelle.
Expérience immersive
Comme les années précédentes, l’objectif du procès fictif est également d’emmener le public à l’intérieur de la machine judiciaire. Cette année, il s’agit de la Cour constitutionnelle, l’une des trois plus hautes juridictions du pays. La Cour constitutionnelle est notamment chargée de veiller au respect de plusieurs articles de la Constitution et de protéger les libertés fondamentales. C’est un rempart essentiel dans une démocratie. La Ligue des droits humains la saisit régulièrement pour demander l’annulation des lois contraires aux droits humains.
Cette expérience à la frontière de la conférence et du théâtre se veut immersive : ce sont le spectateur·rices qui décideront de l’issue de ce procès fictif. Certain·es seront amené·es à se glisser – littéralement – dans la toge d’un·e juge de la Cour constitutionnelle.
Contacts :
Aline Wavreille, chargée de communication à la Ligue des droits humains : 0473/741.600.
Distribution :
Coécriture et mise en scène : Sophie Delacollette
Juge Présidente : Sophie d’Hondt
Juge Rapporteur : Philippe Moens
Avocate de l’association “Protect My face” : Olivia Venet
Avocat de l’Etat belge : Karim Sedad
Expert·es : Chloé Berthélémy et Charly Derave
Suspect, procureur, jeune homme : Ilyas Mettioui
Juge d’instruction, journaliste, militante antifasciste : Judith Ciselet
Avocate, journaliste : Bénédicte Chabot
Montage vidéo : Olivier Conrardy
Voix Off : Isabelle Jonniaux
Soutien technique : Dimitri Petrovic
Graphisme : Axel Bendiba
Avec le soutien de la COCOF
Plus d’infos : www.protectmyface.be
La LDH a également consacré une série de trois épisodes sur la reconnaissance faciale dans son podcast « De quels droits (on se chauffe) ! » : Fuyez ! Vous êtes identifié·es !