2024: dégradation des contre-pouvoirs et porosité des idées de l’extrême droite

Bruxelles, le 16 janvier 2025

La Ligue des droits humains publie son nouveau rapport sur l’État des droits humains en Belgique. L’année 2024 a d’une part été marquée par l’arrivée au pouvoir du Vlaams Belang dans quatre communes flamandes. L’extrême droite poursuit son ancrage au Nord du pays et, côté francophone, imprime ses idées dans le débat politique. D’autre part, 2024 n’aura jamais vu autant d’atteintes à la liberté de la presse, notamment de la part d’acteurs publics. Les contre-pouvoirs que représentent les médias et la justice vacillent et, dans le même temps, un tournant sécuritaire s’annonce.

C’est dans un contexte particulier que sort ce nouveau rapport de la LDH sur l’État des droits humains. La carte de la Belgique se rembrunit, au Nord, après les élections de juin puis d’octobre 2024. Le parti d’extrême droite, le Vlaams Belang, s’est renforcé et est même parvenu – c’est historique – à gouverner dans quatre communes flamandes: Ranst, Iseghem, Brecht et Ninove. Côté francophone, l’extrême droite sort moribonde de ces deux scrutins mais ses idées, elles, impriment de plus en plus fort le débat politique. Les « crises de l’accueil » et de l’État de droit en témoignaient déjà depuis plusieurs années, mais le processus se poursuit avec de nouvelles politiques migratoires, tant au niveau européen (pacte migratoire) que belge (lois retour et Frontex, cette dernière permettant de déployer des agent·es de l’agence européenne Frontex sur le territoire belge).

Des contre-pouvoirs affaiblis

2024 restera également marquée par un nombre important de procédures judiciaires entravant la liberté de la presse, les associations de journalistes dénonçant le retour à la censure préventive. La presse doit rester un contre-pouvoir essentiel dans une démocratie, raison pour laquelle la Ligue des droits humains s’inquiète particulièrement des procédures-bâillons déployées par des acteurs tant privés que publics, voire, plus inquiétant encore, par des membres des gouvernements fédéral et communautaire.

Répression et tournant sécuritaire

Épinglée aussi, la répression des autorités à l’égard des manifestations en soutien à la Palestine qui est venue corroborer les dangers et pressions qui s’exercent sur le droit de manifester. Dans ce rapport, la Ligue des droits humains interroge également les solutions répressives déployées par la Région bruxelloise pour mettre fin aux fusillades liées au trafic de drogue. Et le tournant sécuritaire risque bien de se poursuivre si l’on en croit les projets dans les cartons des négociateurs du gouvernement fédéral, avec par exemple une probable autorisation de l’utilisation de la reconnaissance faciale en temps réel dans l’espace public ou encore l’avènement de formes de police prédictive.

On peut également s’attendre à un affaiblissement des services publics et une érosion des droits économiques, sociaux et culturels, en particulier des personnes les plus vulnérables. Enfin, le rapport revient également sur le procès climatique inédit intenté par un agriculteur du Hainaut contre TotalEnergies, avec le soutien de la Ligue, de Greenpeace et de FIAN.

Capacité de résilience

Dans cette période particulièrement sombre, la société civile doit se préparer à se serrer les coudes, à faire preuve de ténacité et de solidarité. Les démocraties ont prouvé par le passé qu’elles ont une capacité de résilience mais elle nécessite une vigilance et une mobilisation de tous les instants. Elle nécessite aussi de transmettre l’idéal démocratique que nous cultivons aux générations futures.

L’État des droits humains 2024 est à lire ici.