VRAI/ FAUX: déconstruire les mensonges du gouvernement Arizona en matière d’accueil

Bruxelles, le 13 novembre 2025

Depuis la fin août, des familles dorment dans la rue. Elles demandent à la Belgique une protection internationale. Mais ne sont plus hébergées par Fedasil, l’Agence chargée de l’accueil. C’est le résultat d’une nouvelle pratique illégale du gouvernement Arizona. Désormais, il refuse l’hébergement à toutes les personnes qui ont déjà reçu un statut de réfugié dans un autre État européen. Et pour le justifier, le gouvernement raconte un tissu de mensonges, que l’on va déconstruire.

Mobilisation de plusieurs ONG le 13/11/25 devant le Palais de justice.

1. Pour le gouvernement, ces familles sont des « profiteuses », elles font du « shopping asile » comme dit la ministre de l’Asile et de la Migration. Dans les grandes lignes: selon elle, ces familles cherchent le pays d’accueil qui leur offrira les meilleures “prestations sociales”. 

C’est FAUX !

Il ne s’agit pas de choisir le meilleur “pack” d’aides sociales. Juste de tout faire pour permettre à leurs enfants de grandir avec un toit sur la tête.

Ces familles ont reçu une protection d’un autre État européen. Très souvent, de la Grèce: ce n’est pas leur choix, c’est une obligation de demander l’asile à l’endroit où l’on entre sur le territoire de l’Union européenne. Et si elles arrivent en Belgique, c’est parce que leurs conditions de vie y étaient indignes. En Grèce, elles sont confrontées au sans-abrisme et à l’itinérance, étant donné les insurmontables difficultés pour trouver un logement et accéder au minimum vital.

Et la situation s’est encore gâtée en 2024 avec un arrêt quasi total des services de base destinés aux réfugiés en Grèce : on a supprimé les services d’interprétation dans les camps, il y a une pénurie importante du personnel médical et psychosocial, l’allocation financière mensuelle accordée aux demandeurs d’asile a été totalement suspendue. On ne quitte pas son pays par plaisir. On parle de familles qui viennent par exemple d’Afghanistan ou d’Érythrée.

Un des petits a le pied cassé depuis l’Afghanistan mais il n’a pas pu voir un médecin en Grèce et ici, il n’a pas encore vu de médecin non plus. Ma maman est âgée, elle perd connaissance souvent pendant des heures, à chaque fois je crains qu’elle ne se réveille pas. Et dormir dehors ça a donné beaucoup de problèmes de santé à mes enfants, ils sont malades à cause du froid. Témoignage d’une famille afghane, arrivée en Belgique il y a quelques semaines.

 

2. La nouvelle loi “accueil” permet au gouvernement de refuser l’hébergement à des familles qui ont déjà une protection dans un autre État membre de l’Union européenne.

C’est FAUX !

La nouvelle loi permet, dans certaines conditions, de refuser l’accueil aux personnes bénéficiant d’une protection dans un autre État membre. Mais pour cela, Fedasil reste tenue de prendre en compte les vulnérabilités et besoins particuliers de ces personnes ainsi que l’intérêt supérieur de l’enfant. Tout cela doit être motivé, au cas par cas. Avec une attention particulière à l’égard des familles avec enfants.

Or, Fedasil a refusé d’héberger des familles avec des enfants en bas âge – et même des enfants malades. Cela va aussi à l’encontre de la directive “accueil” de 2024, qui rappelle que les États membres doivent assurer « à tous les demandeurs l’accès aux soins de santé et leur garantir un niveau de vie conforme au droit de l’Union ».

Fedasil nous a fait signer un document disant que l’on devait partir, ma mère et ma femme ont commencé à pleurer en les suppliant de ne pas les mettre dehors alors les agents ont appelé leurs collègues pour nous mettre dehors. On a passé plusieurs nuits à la rue, près du hub humanitaire. La police venait nous dire qu’on ne pouvait pas rester là. Témoignage d’une famille afghane.

3. La ministre de l’Asile et de la Migration ne respecte pas les décisions de justice.

C’est VRAI ! 

Ces dernières semaines, la justice, saisie par plusieurs familles en demande de protection, a condamné Fedasil parce qu’elle leur refusait l’accueil. Mais malgré ces décisions de justice, sur le terrain, rien ne change. Sur ordre de la ministre, Fedasil laisse ces familles avec enfants dormir dans la rue. Plus de 1.700 personnes sont sur les listes d’attente pour un hébergement.

Non seulement la ministre de l’Asile et de la Migration viole les lois belges – puisqu’elle continue d’ignorer les condamnations répétées des tribunaux – mais elle porte aussi atteinte à l’État de droit.

Les décisions de justice ? Elle ne les respecte pas. Les astreintes ? Elle ne les paie pas et l’assume. Le pouvoir judiciaire y voit une attaque à la séparation des pouvoirs et rappelle que les lois sont là pour être appliquées. Par ailleurs, la ministre est poursuivie au pénal par les familles laissées à la rue.

4. La ministre gaspille l’argent du contribuable en laissant ces familles à la rue.

C’est VRAI !

Chaque condamnation entraîne des frais d’avocat·es et de justice qui sont payés par l’argent du contribuable. De plus, des astreintes devenues astronomiques (plus de 6, 5 millions d’euros) sont aussi demandées par la justice. Ce serait beaucoup moins coûteux de respecter la loi et on y gagnerait aussi en humanité.

5. La ministre ne fait que poursuivre la politique menée par le gouvernement précédent.

C’est FAUX ! 

Depuis 2021, les gouvernements belges ne respectent plus les décisions de justice qui portent sur l’accueil des demandeurs d’asile (plus de 16.000 décisions). Mais le gouvernement Arizona dépasse ici une ligne rouge encore jamais franchie : laisser des enfants à la rue.
Nicole de Moor, ancienne secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration avait déjà donné comme instruction au réseau d’accueil de ne plus héberger les hommes isolés en août 2023. La raison invoquée ? Donner la priorité aux femmes et aux enfants pour qu’iels ne passent pas l’hiver dehors, étant donné “leur vulnérabilité”, selon les mots de Nicole de Moor.

Aujourd’hui, le gouvernement élargit la mesure aux familles avec enfants. Et balaie ainsi le peu d’humanité qu’il restait en matière d’accueil des personnes demandeuses d’asile. Elle leur fait aussi endosser la responsabilité de cette situation, en disant que si ces personnes dorment dans la rue, c’est leur propre choix. Avec ce chantage à la clef: acceptez de retourner dans le pays qui vous a accordé une protection – aussi indignes y soient les conditions de vie – et vous serez hebergé·es dans un centre de retour.

6. La Belgique n’a pas assez d’argent pour accueillir tout le monde.

C’est FAUX !

On dit la même chose en ce qui concerne la sécurité sociale, les pensions, le refinancement des services publics. En réalité, c’est une question de choix politique et une nouvelle attaque qui vise les personnes les plus vulnérables.