Limitation des allocations de chômage: une mesure “électrochoc” contreproductive et à l’impact social majeur

Pour dénoncer la nouvelle réforme des allocations de chômage voulue par le gouvernement Arizona, syndicats et associations relient à pied plusieurs CPAS et organismes de la région bruxelloise ce 24 avril. L’objectif est de faire entendre la parole des personnes bientôt exclues du chômage: au minimum 100.000 personnes au 1er janvier 2026, 320.000 au 1er janvier 2028. Mais aussi d’écouter les structures qui seront impactées par cette réforme: les CPAS qui s’attendent à une arrivée massive de nouvelles personnes bénéficiaires et les services d’accompagnement à la recherche d’emploi dont le fonctionnement va être bouleversé par des pertes de subsides et d’emplois.

Associations, syndicats et citoyen·nes marchent aujourd’hui dans les rues de Bruxelles pour dénoncer cette nouvelle mesure du gouvernement Arizona. Parmi la foule : des personnes sans emploi directement concernées par les futures exclusions mais aussi de nombreux·euses travailleur·euses des CPAS, des associations d’insertion socioprofessionnelle, des collectifs d’accompagnement des personnes les plus précarisées, des maisons de quartier inquiètes. La trentaine de collectifs ou associations flamandes et francophones* relient l’ONEM, Actiris, les services chômage et les CPAS de 1000 Bruxelles, Saint-Gilles et Forest.

Cette mesure du gouvernement Arizona va cibler plus de 100.000 personnes. Elles seront exclu·es du chômage à partir de janvier 2026 et à terme, selon le ministre fédéral de l’Emploi, en 2028, ce sont quelque 320.000 demandeurs·euses d’emploi qui ne recevront plus d’allocations de chômage. Une mesure électrochoc qui suscite de l’inquiétude et de l’incompréhension chez les personnes concernées.

Quelles trajectoires pour les exclu·es du chômage?

Pour les personnes exclues, les trajectoires seront plurielles, mais l’enseignement des dernières réformes du chômage montre que la plupart de ces personnes – qui ont pourtant cotisé – risquent de s’enfoncer dans une spirale de précarité et devront compter sur la solidarité pour s’en sortir. Ces mesures de remise au travail par la sanction ne fonctionnent pas, elles vont avant tout insécuriser et appauvrir les personnes et donc porter atteinte à leur dignité humaine.

Impact sur les CPAS

Par ailleurs, pour celles et ceux qui seront dans les conditions, on s’attend à une arrivée massive de personnes qui émargeront aux CPAS, déjà exsangues et en grève ce 24 avril. En première ligne de la pandémie de covid, de la crise énergétique ou lors de l’arrivée de réfugié·es ukrainien·nes, la situation des CPAS est aujourd’hui critique: ils manquent de moyens et sont en sous-effectif.

Pour Séverine de Laveleye, présidente du CPAS de Forest,

“Rien qu’en termes de revenu d’intégration, selon des estimations réalisées par plusieurs organismes y compris publics, cela coûterait en fonds propres 3 767 386 € rien que pour mon CPAS. Où va-t-on les trouver ? Si les communes doivent suppléer, ce sera nécessairement au détriment d’autres services publics de base”.

Par ailleurs, l’accompagnement des demandeur·euses d’emploi n’est pas leur mission première.

“Exclure les chômeurs de longue durée du système assurantiel pour les faire passer à un système d’assistanat ne relève pas d’un acte “historique” de courage », poursuit-elle, « mais plutôt d’un aveu d’échec et surtout d’une déresponsabilisation des acteurs publics. Nous rappelons ici que la paupérisation grandissante des Bruxellois·es est une problématique structurelle, voire politique, et non individuelle”.

Les services publics d’accompagnement à la recherche d’emploi

Cette mesure aura aussi des conséquences importantes sur les services publics d’accompagnement des personnes en recherche d’emploi (ONEM, Actiris, VDAB, Forem) et associatifs (missions locales, alphabétisation, formation). Et cela touchera autant les personnes bénéficiaires de ces services que celles qui y sont employées. Ce coordinateur de mission locale, explique:

“Notre mission locale pour l’emploi accompagne des personnes qui sont depuis plus de deux ans au chômage, des personnes qui sont le plus en décrochage. C’est donc un travail de longue haleine que nous réalisons avec elles. Avec la réforme, une grande partie de notre public va disparaître et avec elles et eux, 40 % de nos subsides et de notre personnel, d’après nos premiers calculs. C’est un choc à tous les points de vue et cela n’a aucun sens. Le gouvernement pense que les CPAS pourront mieux remettre à l’emploi. C’est faux”.

Enfin, on peut aussi imaginer qu’une bonne partie des personnes ciblées par cette mesure disparaîtront des radars et des aides publiques et ne pourront compter que sur la charité et les solidarités familiales. Les services d’aide alimentaire risquent d’exploser.

Faire marche arrière sur une réforme contre productive

Au cours de cette marche, associations et syndicats veulent rappeler combien cette réforme va dans la mauvaise direction puisqu’elle détricote plus encore la sécurité sociale au lieu de la renforcer. Le gouvernement Arizona n’a visiblement pas pris la mesure des conséquences en cascade de la mesure de limitation de ces allocations de chômage. Associations et syndicats en demandent le retrait pur et simple.

Les suites ? Une plateforme, une campagne et un site !

La trentaine* d’associations et de structures soutenant l’action mais aussi toute personne intéressée sont invitées à travailler ensemble autour d’une plateforme syndicale, associative et citoyenne appelant à lutter contre ces exclusions du chômage à travers différents types d’actions. Un site permettra prochainement de rendre visible sur une carte interactive le nombre de personnes exclues dans toutes les communes et villes de Belgique.

Lien pour des photos libres de droit : https://photos.app.goo.gl/J9PDUHaojp86Vwmm6

Contacts presse :

Jusqu’à 20h :

  • Yves Martens (Collectif solidarité contre l’exclusion) – 0475 83 48 04
  • Lazaros Goulios (Travailleurs.ses Sans Emploi de la CSC de Bruxelles) – 0487 60 45 77
  • Mathieu Verhaegen (Cgsp ALR Bruxelles dont CPAS) – 0475 35 53 58

De midi à 18h30 : 

  • Sébastien Gratoir (Ligue des droits humains ) – 0479 50 20 72

*Ligue des droits humains, Collectif Solidarité Contre l’Exclusion, SAAMO Brussel, Fédération des Services Sociaux, Lire et Écrire Bruxelles, Vie Féminine, CFFB (Conseil des Femmes Francophones de Belgique), CGSP ACOD ALR LRB, FGTB ABVV Bxl, CSC Bruxelles – ACV Brussel, Comité des Travailleurs.es Sans-Emploi de la CSC Bruxelles, section Locale de la CSC Uccle Forest Saint-Gilles, CSC culture, MOC Bruxelles, SLFP administration locales et régionales, Syndicats des CPAS de 1000 Bruxelles, Saint-Gilles et Forest, Commune colère, Collectif Formation Société, Actrices et Acteurs des Temps Présents, Le DK, Forest à gauche – Vorst links, les missions locales pour l’emploi de Forest et Saint-Gilles, Une maison en plus, Trapes asbl (Tous en réseau autour de la prévention et de l’expérience du surendettement), Maison de quartier Saint-Antoine, FEWASC (Fédération Wallonne des Assistants Sociaux des Cpas), FeBISP (Fédération bruxelloise des Organismes d’Insertion Socioprofessionnelle), les réseaux francophones et néerlandophones de lutte contre la pauvreté BAPN, RWLP, BPA & Forum – Bruxelles contre les inégalités, CBCS, Ateliers des droits sociaux, IEB, Classe contre classe…