Carte blanche cosignée par la CSC, Greenpeace et la Ligue des droits humains
Bruxelles, le 20 octobre 2025
Mardi 14 octobre, nous étions plus de 140 000 travailleuses et travailleurs à manifester pacifiquement à Bruxelles contre les mesures antisociales du gouvernement « Arizona ».
Cette mobilisation historique a été ternie par des violences policières inacceptables : usage disproportionné de gaz lacrymogènes et de canons à eau, interventions brutales, agressions de la part de policiers en civil et recours à la technique illégale de la nasse. Des zones entières, y compris les stands syndicaux et associatifs, ont été noyées sous le gaz lacrymogène et arrosées à l’autopompe, sans justification. Il y aurait eu au moins 5 personnes en arrestations judiciaires, 20 à 30 personnes en arrestations administratives, une dizaine de blessés graves qui sont passés par les hôpitaux et des dizaines de contrôle d’identité.
Le Soir relaie des vidéos « sur lesquelles on voit des policiers abattre sans ménagement leurs matraques sur les crânes de personnes, arroser gratuitement des passants à coups d’autopompe et recourir au gaz lacrymogène dans des circonstances qui interrogent, sur le plan de la proportionnalité, de la légitimité et de la légalité, la violence utilisée par les forces de l’ordre ».
Nous exprimons notre solidarité avec toutes les personnes blessées et dénonçons fermement ces pratiques répressives, contraires à la liberté syndicale et au droit de manifester.
Nous voulons rappeler que dans des cas similaires de violences policières, le tribunal de premier instance de Bruxelles a reconnu la responsabilité de l’État belge, de la police et du bourgmestre pour des arrestations abusives, des détentions injustifiées, des insultes et violences commises à l’encontre des manifestants, et en particulier pour l’utilisation de la technique de la nasse – une technique illégale en l’état actuel du droit.
Une érosion de l’Etat de droit et de la liberté de manifester
Ces violences policières s’inscrivent dans une érosion de l’Etat de droit et de la liberté de manifester, telles que pointées dans le dernier rapport de l’Institut fédéral des droits humains.
Le droit de manifester est un pilier démocratique garanti par la Constitution. Déjà sous pression, il est actuellement grandement menacé par l’avant-projet de loi du ministre Quintin qui permettrait au gouvernement d’interdire des « organisations extrémistes ou radicales » selon des critères flous. Ce texte n’ajoute rien au droit existant, mais ouvre la voie à la criminalisation des mouvements sociaux, syndicaux et citoyens. L’Institut fédéral des droits humains (IFDH) a d’ailleurs rendu un avis défavorable, soulignant une atteinte grave à la liberté d’association et d’expression.
Manifester, s’organiser, faire grève : ce sont des droits fondamentaux.
Parce que sans luttes, il n’y aurait ni congés payés, ni salaire minimum, ni sécurité sociale.
Parce que sans droit de manifester, il n’y a plus de démocratie.
Face aux violences policières lors de la manifestation du 14 octobre dernier, nous :
- Demandons la fin des violences policières
- voulons récolter tous les témoignages de personnes victimes ou ayant vu des violences afin d’alimenter notre interpellation politique.
- interpellons officiellement le bourgmestre Philippe Close, chef de la police de Bruxelles-Ixelles.
- encourageons toutes les personnes victimes de violences à déposer plainte auprès du comité P (formulaire ici) et à nous communiquer l’éventuelle réponse.
- demandons le retrait de l’avant-projet de loi Quintin.