Chronique 213 | La militarisation de la société

Un budget militaire gonflé à bloc. Une lettre envoyée à des mineurs de 17 ans pour les inciter à passer un an dans l’armée. L’utilisation par la police d’une arme de guerre pour gérer les manifestations. Des militaires en rue, avec des pouvoirs toujours plus proches de ceux de la police. Des couvre-feux et un isolement comme mesures de sécurité. Des drones pour surveiller nos communes.  La militarisation de la société et de notre espace public est en marche, avec le risque en chemin, de piétiner une partie de nos droits humains. Analyses, témoignages et alternatives sont au cœur de cette Chronique.

Le budget militaire fait la guerre à nos acquis sociaux 
Un article de Ludo de Brabander – asbl Vrede – et Jennifer Lemaire – Ligue des droits humains
Ludo De Brabander est une figure bien connue du mouvement pacifiste belge. Ce néerlandophone, porte-parole de Vrede (Paix en français) a le tutoiement facile et switche sans souci en français pour faire cette interview. Derrière cette aisance, se cache une réelle expertise de l’OTAN, connaissance qu’il utilise pour débunker les idées reçues et recadrer vers ce qui lui paraît essentiel : le budget militaire est surtout en guerre contre nos acquis sociaux.
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Quand la Défense drague la jeunesse
Un article de Jennifer Lemaire et Olivier Hustin, Ligue des droits humains
Avant même d’avoir été postée, c’est une lettre qui aura fait couler beaucoup d’encre. C’est chose faite à présent : dans tout le pays, près de 149 000 mineurs de 17 ans ont trouvé dans leur boîte aux lettres un courrier signé par le ministre de la Défense lui-même (Theo Francken, N-VA). L’objet ? Une invitation à découvrir l’armée, dans le cadre d’un service militaire volontaire d’un an. Loin d’être nouvelle, ou de se restreindre à notre seul pays, cette politique de recrutement qui cible spécifiquement la jeunesse pose la question de savoir quel avenir on lui présente et quelles opportunités sont mises sur son chemin, avant même qu’elle ne sache conduire ou ne puisse voter. Deux questions auxquelles a accepté de répondre Christophe Wasinski, professeur en sciences politiques à l’ULB et chercheur associé au GRIP – Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité.
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Le danger d’équiper la police d’armes dites à létalité réduite dans les manifestations
Un article d’Aline Wavreille, chargée de communication à la Ligue des droits humains
Dans les années 2000, il était utilisé par l’armée américaine, notamment en Irak et en Afghanistan. Depuis, le FN 303, ce propulseur à air comprimé, fabriqué par la FN Herstal, équipe les forces spéciales de la police belge. Aujourd’hui, certain·es plaident au sein du gouvernement pour élargir son usage et celui d’autres armes à létalité réduite à la gestion de manifestations. Une proposition de résolution NV-A a été rédigée par Theo Francken, le ministre de la Défense rebondit de manière ponctuelle sur l’actualité pour plaider son idée. Pour la Ligue des droits humains, cet armement est dangereux et inutile : il n’a pas sa place dans les manifestations.
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Bleu et kaki, ça donne quoi ?
Un article de Samuel Legros du CNAPD
Au tout début du mois de septembre, le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin présentait son « Plan grandes villes » pour lutter contre la criminalité organisée, le trafic de drogues et la multiplication des fusillades à Bruxelles. Parmi les mesures annoncées, le retour des militaires dans les rues de la capitale. Des patrouilles mixtes policiers/militaires qui doivent être lancées « le plus rapidement possible ». Depuis lors, plus rien. Malgré les demandes répétées du MR, le ministre de la Défense Theo Francken – de manière a priori contre-intuitive – temporise. De fait, le déploiement des militaires dans les rues est porté dans le débat public de façon opportuniste par les représentants du MR. Ce faisant, ils fixent le doigt alors que Theo Francken regarde la lune.
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Peterbos, mon île isolée
Un article de Fatiha Aziz, habitante du Peterbos et Jennifer Lemaire, Ligue des droits humains
Je m’appelle Fatiha, je suis maman solo d’une fille de quatorze ans et j’habite au Peterbos depuis un peu plus de deux ans. Aujourd’hui, je vous fais découvrir mon quartier, mon Peterbos. On a de la chance parce qu’on a du beau temps. Bien sûr, c’est une promenade fictive, puisque dans la vraie vie, vous n’avez pas le droit de venir. Depuis que Peterbos a été rebaptisé en hotspot, nous, les 5000 habitants de ce quartier, nous sommes isolés. Comme dans une zone sous contrôle militaire, ici s’appliquent isolement et couvre-feu. Coupables d’être victimes du trafic de drogue. C’est dommage car les gens qui viennent ici repartent avec une image autre que celle qu’ils avaient en arrivant. Ce qu’on dit de nous à la télé n’a rien à voir avec qui on est. Ce sont deux histoires vraiment différentes. Merci de prendre le temps d’arpenter la mienne.
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Drones : surveiller nos rues avec un outil de répression
Un article d’Aline Wavreille, chargée de communication à la Ligue des droits humains
Certains chercheurs y voient une révolution militaire : les drones se multiplient sur les terrains de guerre. L’invasion russe de l’Ukraine marque sans doute un tournant en la matière, tant par la quantité d’appareils engagés dans le conflit (plusieurs millions) que par leur influence sur les opérations militaires. Ces drones servent à la fois de grenades et de mortier mais également de « jumelles » pour les armées. Ils ont aussi fait une incursion dans le ciel belge ces dernières semaines, en survolant plusieurs lieux sensibles, comme des aéroports et des bases militaires. La police belge mise, elle aussi, désormais sur ces outils de répression pour « surveiller » nos rues. Des phases-tests sont en cours à Bruxelles. La LDH y voit un risque important pour la protection des droits humains et, par conséquent, s’y oppose.
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