Bruxelles, le 2 avril 2025
En Belgique, la surpopulation carcérale atteint un niveau critique, avec plus de 13 000 détenu·es pour environ 11 000 places. Cette situation ne fait qu’aggraver les conditions de détention et entrave lourdement le travail des associations qui interviennent auprès des personnes incarcérées. Soutenue par la Ligue des droits humains, la FIDEX (Fédération bruxelloise des Institutions pour Détenus et Ex-détenus), qui regroupe 14 associations et près de 100 travailleur·euses de terrain, alerte sur les obstacles de plus en plus nombreux rencontrés par ses membres dans l’exercice de leurs missions. Face à ce constat, la FIDEX a mis en place un baromètre, un outil inédit permettant d’objectiver et de signaler les dysfonctionnements observés dans les prisons de Haren et Saint-Gilles.
Un outil pour mesurer une crise qui s’aggrave
Mis en place le 6 janvier 2025, ce baromètre permet d’évaluer plusieurs critères fondamentaux :
• L’accessibilité des prisons pour les services extérieurs (accès aux parloirs, locaux d’activités, cellules, etc.).
• Les conditions de travail et de sécurité des intervenants (exemple : manque de matériel comme les radios obligatoires, souvent défectueuses à Haren).
• L’offre effective de services en matière de soins, d’aide sociale, de formation et d’accompagnement des détenus.
• La reconnaissance institutionnelle du rôle des associations par l’administration pénitentiaire.
Ce baromètre fonctionne sur un système de couleurs : vert quand tout va bien, orange en cas de difficultés croissantes, rouge lorsque la situation devient critique. Quelques semaines après son lancement, l’outil clignote déjà à l’orange : plus de 40 situations problématiques ont été recensées par les services de terrain.
Une impasse pour les détenus et les associations
L’augmentation du nombre de détenus s’accompagne d’une pénurie structurelle d’agents pénitentiaires, dont le déficit s’aggrave à mesure que les prisons se remplissent. Ce manque de personnel et de moyens crée un cercle vicieux :
- Les agents sont surchargés et peinent à assurer les conditions minimales de détention
- Les services extérieurs sont empêchés d’intervenir correctement auprès des détenus
- Les détenus se retrouvent privés d’accès à des services pourtant essentiels à leur réinsertion.
Depuis plus d’un an, à la prison de Haren, la FIDEX et ses associations demandent le respect des cadres légaux, fixés par des accords de coopération et notes de service. Pourtant, les blocages se multiplient. Si certaines difficultés sont inhérentes au contexte carcéral, l’accumulation de dysfonctionnements sans solutions rapides entraîne une perte de sens pour les intervenants.
Les personnes détenues sont les premières victimes de cette impasse. Sans accès à une aide efficace, elles n’ont aucune perspective de réinsertion et se retrouvent piégées dans un système qui les condamne à la récidive.
Un appel urgent à des solutions et à un dialogue réel
Les associations refusent de faire porter la responsabilité aux agents pénitentiaires, qui subissent eux aussi les conséquences d’un système à bout de souffle. La crise actuelle est avant tout le résultat d’une politique du « tout à la prison », adoptée contre l’avis des experts (associations, magistrats, avocats, directions de prison, agents pénitentiaires…). Les autorités doivent cesser de prendre des décisions incompréhensibles et inapplicables et engager un dialogue constructif avec les directions et les services de terrain.
La prison ne doit être qu’un ultime recours. Ces constats rejoignent ceux de la LDH: la Belgique doit urgemment réorienter sa politique pénitentiaire et explorer d’autres solutions, comme le recommandent les instances internationales. Il est temps de stopper cette politique inefficace et d’assurer aux détenus des conditions dignes et propices à la réinsertion.
Contacts:
Kris Meurant, président de la FIDEX : 0479/26.54.37
Manuel Lambert, conseiller juridique à la LDH: 0479/86.90.81.