Violences policières à Saint-Gilles : la LDH demande une évaluation rapide et indépendante du dispositif UNEUS

La Ligue des droits de l’Homme a pris connaissance de l’article mis en ligne par la RTBF ce 17 septembre qui traite de la question de violences policières à Saint-Gilles.

Cet article confirme une situation dont la LDH a été saisie il y a plusieurs mois par des habitant·e·s de la commune mais qu’elle n’est pas parvenue à résoudre avec les autorités : les témoignages de dérapages, de comportements inacceptables et de violences de la police de proximité saint-gilloise, la brigade UNEUS, se multiplient, de sorte qu’il est aujourd’hui difficilement contestable qu’il y a bien un problème de violence policière à Saint-Gilles.

S’il demeure malaisé de vérifier la véracité de tous ces témoignages, leur nombre, leur concordance, la diversité de leur provenance et le caractère récurrent de certaines allégations laissent peu de doutes sur la nature du problème. Cette situation a d’ailleurs fait l’objet d’un rapport confidentiel du Délégué général aux droits de l’enfant de la Communauté française (DGDE) daté du mois de février 2018 qui est dévoilé aujourd’hui.

Ce rapport est édifiant. Certains des faits qui sont attribués à la police sont graves et relèvent clairement du droit pénal. Il paraît donc indispensable qu’une enquête indépendante soit menée sur ces allégations. La LDH souligne à ce propos que le fait qu’il n’y ait pas ou peu de plaintes déposées par les victimes n’est pas révélateur de l’absence de dysfonctionnement. Au-delà du cas de Saint-Gilles, nombre de rapports et études ont déjà pu attester qu’en matière de violences policières, les victimes ne souhaitent généralement pas déposer plainte, pour diverses raisons : caractère peu effectif de la plainte et durée de traitement, coût d’une procédure pour certains publics, crainte de représailles, etc. Or dans le cas de Saint-Gilles, plusieurs personnes disent n’avoir jamais été informées des suites réservées à leur plainte et une personne en particulier dit avoir subi un harcèlement de la part des agent·e·s de police à la suite de sa plainte.

La LDH soutient la mise en place d’une police de proximité, notamment dans le but de rapprocher citoyen·ne·s et membres du corps policier. Dans ce cadre, la LDH ne sous-estime pas le comportement difficile, voire dans certains cas illégal, de certaines personnes des quartiers concernés. Mais il ne saurait en aucune manière justifier les violences et les actes qui sont rapportés. Or, malgré plusieurs interpellations citoyennes et reportages de la presse, les retours du terrain indiquent que les faits dénoncés se poursuivent.

Le rapport du DGDE contient diverses recommandations intéressantes qu’il serait pertinent de mettre en œuvre. Parmi celles-ci, la mise sur pied d’une évaluation du dispositif UNEUS. Quels sont les effets du projet sur son environnement ? En quoi celui-ci améliore-t-il la vie du quartier pour ses habitant·e·s ?

La Ligue des droits de l’Homme soutient les recommandations du DGDE et demande l’évaluation du dispositif par un organisme de recherche indépendant afin d’en mesurer l’impact au regard du but visé, à savoir l’amélioration de la vie du quartier au profit de toutes et tous. Cette évaluation est fondamentale car elle permettra de mettre en exergue les éléments porteurs de succès du dispositif UNEUS tout comme les éléments qui posent problème. À ce propos, le « Guide méthodologique d’évaluation d’impact des plans stratégiques de sécurité et de prévention » réalisé en décembre 2017 par les centres de recherches criminologiques de la VUB et de l’ULB à l’initiative du SPF Intérieur pourrait être un outil pertinent.

Il est d’autant plus important de procéder à l’évaluation du dispositif UNEUS qu’il est cité en exemple de police de proximité et pourrait être répliqué dans d’autres communes. Tout le monde a intérêt à préserver une qualité de vie dans le quartier et cela passe nécessairement par une relation apaisée entre les différents intervenants, respectueux des droits de chacun·e.

Télécharger le rapport « Pour un apaisement des relations entre les jeunes et la brigade UNEUS de la Commune de Saint-Gilles »

17 septembre 2018

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