Un coupable idéal

Ce film, inédit en Belgique et Oscar 2002 du meilleur documentaire, a été projeté par la LDH pour illustrer l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « 1. Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public (…) »

L’histoire
Un meurtre, un dimanche matin de mai 2000 à Jacksonville (Floride). Un garçon noir de 15 ans désigné comme le coupable idéal par l’accusation, d’autant plus que le mari de la victime l’a reconnu formellement. Mais la suite des événements, tout sauf banale, obligera le spectateur à s’interroger sur les faiblesses du système judiciaire.

Pourquoi la Ligue a choisi ce film ?
Les documentaires choc tiennent parfois au plus pur des hasards. Jean-Xavier de Lestrade et son équipe (française) étaient en Floride pour réaliser un reportage sur les causes civiles. On leur conseilla de rencontrer l’avocat public Patrick McGuinness. Ils le rencontrèrent dans un tribunal, pendant la mise en accusation d’un gosse à l’air perdu, Brenton Butler, le malheureux protagoniste de l’histoire. « Un coupable idéal » se déroule comme un thriller du réel, qui ose faire ce que aucun documentaire avait réalisé avant: une présence continue – en temps différé mais séquentiel – dans le tribunal de Jacksonville, aux cotés des avocats de Brenton. En acceptant la présence des caméras, l’accusation espérait sans doute immortaliser l’efficacité des forces de l’ordre et du système judiciaire. Erreur fatale. Car, en dépit des preuves accablantes, McGuinness arrive à démonter un château de sable créé de toutes pièces par la police – qui n’hésita pas à extorquer les aveux du gosse avec la violence. On connaît la suite de l’histoire (si on a vu CNN à l’époque), ou du moins on l’imagine. Et pourtant, malgré son happy end et son réalisme à bout portant, « Un coupable idéal » nous oblige à réfléchir à tous les cas où des innocents pourrissent en prison, à cause d’une justice à deux vitesses, dans un pays, ici, les Etats-Unis, où les meilleurs avocats sont réservés à ceux qui pourront y mettre le prix. Justement récompensé par un Oscar du meilleur documentaire et par un FIPA d’Argent, « Un coupable idéal » est un voyage terrifiant dans un monde où la justice n’est plus aveugle.

Fiche didactique