Suicide d’un jeune Erythréen détenu au Centre fermé de Vottem

Nous avons appris ce matin le suicide d’un réfugié d’origine érythréenne au centre fermé pour étrangers de Vottem. Selon nos informations, le suicide aurait eu lieu vers 1h du matin. Cette personne était enfermée depuis environ 4 mois. Il souffrait énormément de sa détention. Plusieurs témoignages le décrivent comme très dépressif, s’alimentant très peu…

Quelques heures avant son suicide, par pendaison, il avait été transféré d’une aile du ce centre vers une autre, pour une raison que nous ignorons. Après ce transfert, il a été placé seul dans une chambre. C’est là qu’il a été découvert, pendu avec son drap de lit. Les autres Erythréens du centre sont anéantis. Ils ne comprennent pas pourquoi leur compagnon, qui pourtant présentait des signaux de détresse a été isolé, privé de la compagnie de ceux qui l’entouraient précédemment, et laissé sans surveillance.

Tous les détenus de Vottem sont sous le choc. Beaucoup ont refusé de s’alimenter aujourd’hui. Ils nous disent combien c’est insupportable de vivre dans ce qui n’est rien d’autre qu’une prison, avec des brimades quotidiennes.

Nous sommes indigné·e·s, révolté·e·s. En effet, nous pouvons imaginer comment quatre mois de détention ont brisé un homme qui comme beaucoup d’autres « transmigrant·e·s » fuyait une situation de guerre et tentait d’aller rejoindre de la famille, des amis en Angleterre. Voilà le résultat de la politique de traque menée par le secrétaire d’État à l’asile et à la Migration et par le gouvernement Michel ! Après la petite Mawda, après ce jeune fauché en traversant une autoroute pour fuir la police, après ce suicide, qui sera la prochaine victime de cette politique ?

Les centres fermés sont une machine à expulser. Pour cela ils mettent en oeuvre une série de pratiques visant à briser psychologiquement et physiquement, au quotidien comme lors des tentatives d’expulsion, les personnes. Rien n’est épargné, le cachot, prison dans la prison, ou l’aile sécurisée d’isolement à Vottem, les transferts disciplinaires, les insultes, les coups, les menottes lors de chaque déplacement au tribunal ou à l’hôpital…

Voilà ce dont nous parlent tous les jours les « enfermés » qui ne comprennent pas pourquoi ils sont « traités comme des criminels ». Eux qui, pour beaucoup, n’ont jamais connu de prisons, ou de menottes, avant celles-ci… et qui n’en peuvent plus !

À Vottem depuis 2008, c’est le cinquième décès : trois suicides, et deux morts faute de soins appropriés.

La résistance citoyenne doit se poursuivre face à cette politique d’asile et d’immigration mortifère, qui remplace l’accueil par le rejet et les expulsions, qui place des enfants en détention malgré les graves séquelles psychologiques que cela engendre, au mépris de la Convention internationale des Droits de l’Enfant.

NON, pas en notre nom !

Nous appelons à rejoindre le rassemblement hebdomadaire du CRACPE ce samedi 13 octobre autour du centre fermé de Vottem, rassemblement dès 15H

Signataires :
CRER, CRACPE, Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde Belgique, le CIRé-Asbl, CNCD, BxlRefugees

9 octobre 2018