L’expression des mendiants violemment soldée à Namur

La Ligue des droits de l’Homme condamne l’évacuation particulièrement violente du rassemblement pacifique organisé par les mendiants sur la Place d’Armes de Namur, samedi dernier.

Cette manifestation dénonçait l’arrêté communal interdisant, depuis le 1er juillet et pour trois mois, la mendicité dans la ville. Elle témoignait surtout de la difficulté de leur situation dans une ville qui mène une politique particulièrement sévère en matière de mendicité. A l’exemple de ce règlement anti-mendicité particulièrement restrictif qui avait abouti, en 2015, à un recours de la LDH devant le Conseil d’Etat. Le Conseil d’Etat l’avait partiellement suspendu.

Pour toute réponse à cette expression de leurs difficultés – l’abri de nuit va être fermé durant 4 semaines au lieu des 3 semaines de l’an dernier, les autorités ont choisi, samedi, d’utilise la manière forte, démontrant qu’il est plus aisé de chasser les mendiants que la pauvreté. Surtout en période de soldes.

Plus généralement, la LDH constate, à Namur, à Liège, à Charleroi et à Tournai, une volonté de recours accru à une pénalisation par les communes de la mendicité et des tentatives de contourner la dépénalisation de la mendicité en réglementant celle-ci d’une manière si stricte qu’elles rendent encore plus difficile cette activité de survie.

Ces communes, traitent souvent le symptôme plutôt que la maladie, aboutissant à une lutte contre les pauvres plutôt qu’à une lutte contre la pauvreté. La manière avec laquelle la Ville de Namur a « nettoyé » la Place d’Armes de ces personnes qui voulaient mettre en lumière la difficulté de leur situation est particulièrement choquante.

Rappelons que le Conseil d’Etat a estimé, dans son arrêt de 2015, que « le droit de mener une vie conforme à la dignité́ humaine implique de pouvoir disposer de moyens d’existence, ce à quoi la mendicité́ peut concourir à défaut de meilleure solution concrète et effective ».

Il semble que les autorités namuroises ont beaucoup de difficultés à accepter ce constat et qu’en cette période d’affluence dans les rues commerçantes, c’est l’expression du mal-être de ses mendiants qu’elles ont bradé.

La LDH continuera à être particulièrement attentive à la manière dont les villes et communes de Wallonie et de Bruxelles abordent et gèrent la présence des plus démunis dans leurs rues.

10 juillet 2017