Εξάρχεια : grisaille grecque

Pour leur premier roman graphique, Dimitrios Mastoros et Nicolas Wouters nous offrent une photographie sombre et réaliste d’une Grèce en crise. Ils nous emmènent au cœur du quartier Exarcheïa situé à Athènes.

Particulièrement touché par la crise économique, Exarcheïade, quartier d’Athène de tradition anarchiste, est connu pour ses manifestations contre l’autorité depuis la dictature militaire. Dans ce lieu où cohabitent militants anarchistes, migrants et partisans d’extrême droite, la tension est palpable et l’Aube dorée profite de la situation afin d’assoir son autorité.

Ce roman graphique retrace l’histoire de Nikos, jeune étudiant profitant d’un voyage en Grèce pour rendre visite à sa tante et son oncle. De retour dans le quartier où il a grandi, Nikos est confronté à une réalité qu’il est difficile d’ignorer. Violence, drogue, misère et montée de l’extrême-droite (Aube dorée), l’état de son quarier lui ouvre les yeux quant à la situation politique de son pays. Quand il découvre que l’immeuble de son oncle est squatté par des immigrés et que celui-ci ne sait plus quoi faire, il décide de prendre les choses en main. Il va alors rencontrer Imran, un jeune immigré d’une dizaine d’années qui gagne sa vie en vendant des souvlakia.

Au fil des pages et des rencontres, le regard de Nikos sur la situation de son quartier – et à travers lui, de la Grèce – évolue. Les nuances de gris qui illustrent cet ouvrage sont symboliquement en phase avec la crise économique, sociale et sociétale du berceau de la démocratie. Derrière cette élégante grisaille, ce sont les défis que devra relever une génération asphyxiée par des attaques répétées des droits économiques et sociaux qui sont dévoilés.

Εξάρχεια : L’orange amère, de Dimitrios Mastoros & Nicolas Wouters, Futuropolis, 2016, 197 pages.