Bureau de chômage

Bureau de chômage (75′)
de Charlotte Grégoire & Anne Schiltz

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L’histoire
Une administration, des bureaux cloisonnés, des personnes assises en vis-à-vis.
D’un côté de la table, des chômeurs.
De l’autre, des contrôleurs.
L’enjeu des entretiens: le maintien des allocations de chômage.
La rigidité de la procédure s’oppose à la singularité des hommes et des femmes qui y sont soumis.

Pourquoi la LDH a choisi ce film
Quel est le sens du travail aujourd’hui, à l’heure où celui-ci devient de plus en plus précaire et que l’insécurité, tant des travailleurs que des chômeurs, se fait de plus en plus menaçante?
Quel est le rôle d’un organisme comme l’Onem dont le rôle d’accompagnement se mue, au fil de mesures politiques conditionnalisant l’accès aux droits sociaux de manière de plus en plus draconienne, en un organisme de contrôle d’une impitoyable rigidité?

Renforcement du système de dégressivité des allocations de chômage, extension de la procédure d’activation à de nouvelles catégories de chômeurs, contrôle intensif de la recherche d’emploi… Ces mesures tendent à décrire le chômeur comme seul responsable de son état et à le présenter systématiquement comme un fraudeur en puissance, comme en témoignent la mise en place des contrôles domiciliaire inopinés.

En présentant des moments de réel de manière crue, sans artifices, ce documentaire se révèle bouleversant en ce qu’il montre – sans porter de jugement – ce qui devient, de plus en plus, la confrontation de deux réalités parfois étanches: d’une part celle de l’assurance chômage qui propose une procédure d’accompagnement, certes personnalisée, mais sous contrainte et, d’autre part la réalité quotidienne (financière, sociale, familiale…) de certains allocataires sociaux qui doivent coûte que coûte (et parfois au prix de devoir émarger au CPAS), plier cette réalité aux procédures imposées. Avec, au bout du compte, pour certains chômeurs en fin de droit, la perte de confiance en soi et une représentation de l’Onem comme un organisme ajoutant des obstacles et des contraintes plutôt qu’apportant du soutien.

Ce qui transparaît également en filigrane de Bureau de chômage, c’est également l’absurdité de la logique qui fonde le fonctionnement actuel de « soutien » à la recherche d’emploi. Comme le mentionnait Edgar Szoc, administrateur de la LDH, dans la note d’intention de l’année thématique de la LDHconsacrée, en 2012, au travail: « C’est surtout l’injonction à chercher du travail – plus qu’à en trouver d’ailleurs » dans une société qui en a trop peu à offrir, qui engendre le plus de dégât en termes de citoyenneté. Comment en effet considérer autrement ces plans d’activation (de sujets présumés passifs, et dont l’activation doit prendre une forme standard et bureaucratiquement validée) qui contraignent nombreux demandeurs d’emploi à multiplier les faux-semblants : à signer des contrats dont ils savent qu’ils sont en réalité des ordres, à multiplier, en faisant mine d’y croire, les envois de CV qui ne créeront d’autres emplois que dans l’industrie papetière, à s’inscrire dans des agences d’intérim qui se transforment rapidement en bottins de la misère, etc.« 

Enfin, là où Bureau de chômage se révèle particulièrement salutaire, c’est qu’il réhumanise le terme froid de « Chômeur » en lui offrant une multitudes de visages, d’origines, d’âges, de parcours, d’aspirations et, surtout, en lui apportant une dignité que le règne de l’austérité et de la culpabilisation tend à violement arracher aux personnes en recherche d’emploi.